Chronique du balafré :3. Premiers contacts avec l'inconnua. le quotidien à l'horlogerie : Cela faisait un moment que votre serviteur ne faisait plus grand chose. Il faut dire qu'après notre coup d'éclat dans le quartier jaune, nous étions un peu mis à l’écart. Pas mal de rumeurs circulaient à notre sujet, la plupart fausses, mais une chose est certaine : où qu'on aille, on était considéré comme de gros lourdauds, plus ou moins avides de sang et qui n'hésitaient pas à se frotter à plus forts qu'eux. Bref, une bande de kamikazes cités à titre posthumes comme exemples glorieux d’ascension rapide au sein de l'horlogerie, mais à la vie courte...
Moi ça m'allait, tant qu'on ne nous cherchait pas des noises...
La vie était plutôt tranquille à l'horlogerie, si on excepte les réveils en fanfare et l'entrainement à toute heure du jour et de la nuit. Bref, la routine. N'empêche qu'en échange de notre sueur, nous étions nourris tous les jours, ce qui n'est déjà pas mal.
De jour en jour, je me musclais de nouveau, et même si je n'ai jamais été empâté, mon corps était plus endurant, et s’affûtait de jour en jour.
Mes rapports avec Inox changeaient aussi. Les rapports très tendres du départ firent place à une certaine routine. C'était toujours agréable de la côtoyer, mais notre histoire devenait routinière.
On avait même demandé une chambre à part, ce qui nous avait été refusé, arguant que nous n'étions pas assez haut gradés. Nous nous débrouillons comme on pouvait, et nous fûmes bientôt les pros de l'installation de draps autour du lit d'Inox (le mien n'aurait jamais résisté au poids de sa prothèse) pour nous isoler, quand nous le pouvions, du reste de la troupe.
Autant les choses se passaient assez bien dans l'intimité, autant, nos disputes pour rien augmentaient. Elle avait l'air de plus en plus d'être fatiguée, et nos rendez-vous improvisés du début s'espacèrent.
Les uns et les autres allaient en venaient, des fois disparaissaient après leur assignement, et la vie petit à petit sombrait dans le gris.
Bref, pour nous avions besoin de changements.
Il vint un matin sous la forme du sergent qui distribuait les corvées du jour comme tous les matins. Ordre fut donné aux personnes dont les noms suivaient de se rendre au rapport dans le bureau du capitaine.
Mon coeur battit un peu la chamade en entendant le nom d'Inox. On ne sait la valeur des choses qu'on a qu'en les perdant... Puis mon patronyme fut cité. Je devais aussi m'y rendre!
Nous nous rendîmes au bureau du capitaine en nous demandant bien ce qui nous attendait. Et même si nous ne le savions pas encore, notre vie allait basculer en entrant dans le bureau.
b. la descente aux enfers : Le 'pitaine se contenta de nous dire de le suivre. nous descendîmes moult escaliers, franchîmes des tas de passages dans lesquels je n'avais jamais mis les pieds. Assez nerveux je dois le dire, je ne manquais pas de laisser de ci de là une empreinte olfactive, histoire de ne pas trop être perdu, mais plus nous avancions dans le dédale et plus des odeurs de peurs, faisant écho à notre propre appréhension se firent présentes.
Même si je ne le montrais pas, je n'étais pas des plus rassurés et des mûrs consolidés hâtivement par des étaies et une maçonnerie visiblement récente et en face une trace d'impact de corps encore pas nettoyé en comportant encore des traces d'explosion qui me rassurèrent plus que ça.
J'aurais aimé avoir le temps de faire l'amour avec Inox, histoire de calmer un peu mes angoisses qui pointaient.
La descente dura encore plus d'un quart d'heure, et c'est au comble de la nervosité que nous débouchâmes tous dans une pièce qui puait l'ozone, et où des bourdonnements incessants me firent dresser les poils du dos. Je ne pu m'empêcher de ronger mes canines nerveusement. Une immense cage entourée de tout un attirail de câbles et de pointes à l'aspect étrange et vaguement menaçant occupait tout le centre de la pièce.
La dessus, la pièce puait la peur et l'urine.
Le capitaine, qui lui, avait l'air calme, nous demanda de l'attendre ici. Ne sachant pas trop quoi faire, je sorti mon couteau, et me prépara à faire face à n'importe quoi.
5 minutes plus tard, 2 scientifiques et 3 techniciens entrèrent et nous donnèrent à tous et toutes des bracelets métalliques, puis nous demandèrent si nous voulions aller aux toilettes, ce que votre serviteur s'empressa de faire. L'opération me détendit un peu.
c. Le grand saut :Les techniciens nous placèrent en cercle, avec Inox au centre, et nous en satellites. Puis le bourdonnement s'intensifia, et des étincelles se mirent à jaillir de partout, nous tétanisant. La dernière chose que je vis avant de m'évanouir fut mon bracelet frappé par un éclair hallucinant. Et devant le bruit assourdissant que ça fit, je me demanda si les laborantins ne faisaient pas une expérience pour tenter de nous tuer le plus rapidement possible...
... Le réveil fut dur : j'étais plutôt brassé, j'avais dû me débattre comme un beau diable dans un bénitier, car j'avais pas mal de courbatures.
La plupart de mes compagnons vomirent au réveil. J’eus la chance d'être parmi les 2 (sur
à ne pas rendre leur repas.
La première chose qui me frappa ensuite fut le fait d'être entouré de bois. Alors que nous étions enfermé dans une cave maçonnée et ronde, nous étions dans une pièce carrée et entièrement en bois... Je me frottais les mains en imaginant la fortune qu'on pourrait se faire simplement en repassant dans l'autre sens et en revendant le bois...
Nos épreuves n'étaient pas terminées! Nous fumes entassés dans une pièce et des sas se fermèrent dans les 2 côtés, et je me mis à ravager le bois autour, devant l'odeur d'eau javellisée que nous reçûmes sur la la tête... Après nous avoir électrocutés, ils essayaient de nous noyer... Et heureusement la douche fut courte, mais c'est trempé jusqu'à l'os, l'odorat détruit par les émanations de javel qui émanait de ma personne, et les yeux rougis et irrités que je découvris notre nouvelle environnement...
La lumière crue agressa mes yeux déjà fort irrités par la douche et c'est les yeux plissés et larmoyants que je découvrit notre nouvel environnement...
La chose suivante qui me frappa fut une fois un peu d'air venant à nous, chassant les miasmes de la douche : l'air sentait une odeur très différente de l'horlogerie. Quasi plus d'odeur d'urines, et à la place une odeur fraiche que je n'avais pas senti, faite de bois, de champignon et d'une odeur plus subtile que je ne connaissais pas encore mais qui était un parfum floral, comme je l'apprendrai plus tard dans le camp, et aussi un peu de terre.
Un plafond bleu si haut que des trucs cotonneux s'y croisaient, m'angoissait un peu. Je ne sais pas qui avait construit la charpente, mais je ne voyais aucune poutre, aucune suspente, et ce fait m'angoissait un peu.
Le rat qui se présenta sous son grade de chef de la forteresse nous expliqua que nous étions consignés à l'intérieur de l'enceinte pendant 2 jours, et nous assigna à un baraquement. Mais nous ne profitâmes que peu de cette semi-liberté, car nous fûmes tous pris de méga malaises pendant ces 2 jours... Et nous passâmes une bonne partie de la première journée à vomir nos tripes... Le second jour, nous nous remettions à peu près, mais les épreuves de la veille nous avaient vidés de notre énergie, et nous n'avons eu qu'assez d'énergie pour nous renseigner rapidement sur notre nouvelle affectation, et les épreuves qui nous attendaient à l'extérieur de l'enceinte...
La suite prochainement dans "Un nouveau monde"...