Chronique du balafré : 1. L'entrainement Faisant fi des rumeurs incessantes qui tournaient autour de l'horlogerie (entres autres que la plupart qui y allaient n'en revenaient pas, et que c'était super dangereux), je me présentai à l'aube aux portes du centre de recrutement de l'horlogerie. Un garde, après s'être enquit de notre Il y avait déjà quelques candidats, qui n'avaient pas beaucoup plus dormi que moi, à priori. Tout le monde se dévisageait, les uns soupçonneux, les autres curieux, se jaugeaient. Puis un groupe de 5 personnes arriva, et nous dûmes nous serrez un peu plus. La promiscuité des inconnus me dérangeait et j’entrepris le nettoyage des poils de mon visage pour la bonne dizaine de fois depuis mon arrivée dans cette cours. Petit à petit, les minutes s'écoulaient, et nous nous retrouvâmes une dizaine dans la cours à l'heure dite. L'adjudant instructeur sortit d'un bâtiment, et prit nos noms et déclara qu'il fallait attendre si des retardataires arrivaient. Une demie heure plus tard, nous commencions à nous mettre en rang, après l'arrivée de 2 autres personnes supplémentaires, dont un mâle qui n'arrêta pas de lancer des pics aux soldats présents, et une montagne de chair faite rat, sous l'injonction courtoise (enfin, façon de parler) de l'adjudant instructeur. Après avoir expliqué à la montagne de chair qu'on appela tout de suite "le tas" 3 ou 4 fois ce qu'on attendait de lui, car visiblement il lui manquait quelques neurones, et être à peu près en carré ordonné, notre adjudant nous fit un discours lénifiant que j'écoutai d'une oreille distraite. Mais je pu y capter suite à des éclats de voix des termes peu élogieux du genre "D'année en année, c'est de pire en pire", ou "bande de tas de merdes indignes de participer même au récurage des chiottes de l'horlogerie" ou des trucs du même acabit. Après le discours, la formation, épuisante, lessivante au dernier degré nous permit de passer d'une somme d'individualités différentes à un corps entier, car finalement les plus forts aidaient les plus faibles plutôt que de briller individuellement. A la fin de la première semaine, une épreuve faillit coûter la vie à Inox, une jeune femelle appareillée du bras au pied gauche : l'épreuve de natation. L'épreuve était simple : on nous mit à une extrémité d'un réservoir d'une vingtaine de mètres de long, et l'adjudant nous demanda, toujours avec sa politesse légendaire, de sauter et d'aller jusqu'au bout du bassin, ce que le fanfaron du groupe s'empressa de faire à a sa manière : il sauta sur place de 5 cm de haut, puis contourna le bassin en marchant par la terre ferme, puis se positionna de l'autre côté du bassin, triomphant. Inutile de dire que l'adjudant le fit revenir et lui infligea une semaine de corvée de chiottes supplémentaire (il a fait la vaisselle, des pompes déjà quasi tous les jours, mais ça n'entamait toujours pas son optimisme ni sa joie de vivre...). Donc après la précision de sauter DANS L'EAU, et de nager jusqu'à l'autre bord, et après qu'un bon tiers des concurrents soit passés, l'adjudant, voyant qu'Inox refusait de plonger la jeta à l'eau. La pauvre, n'ayant même pas eu le temps de respirer se retrouva à flotter comme une tenaille jetée dans l'eau, et commençait à se noyer, qd 4 ou 5 personnes tentèrent de venir à son secours avec plus ou moins de succès. Votre serviteur, alors qu'il venait de nager de l'autre côté, et malgré la fatigue, n'écouta que son coeur et décida de se porter à son secours. De nombreuses personnes avait déjà sauté à l'eau, et à peine arrivé de l'autre côté, heureusement ralenti par ses vêtements mouillés, je vis juste à temps la tas sauter à l'eau en faisant une bombe, ce qui eu pour effet de vider au moins une dizaine de cm d'eau dans le bassin, aspergea copieusement l'adjudant, et permit aux retardataires de descendre encore plus au fond du bassin... Je sautai peu de temps après, et heureusement, car sans mon aide supplémentaire, la donzelle, alourdie par ses prothèses était sacrément lourde et serait resté au fond...mais tant bien que mal nous réussîmes à la remonter, et la hissant sur le dos du tas, nous pûmes lui faire traverser la bassin... Mais elle arriva à moité inconsciente sur l'autre berge. Il s'en ai fallu de peu qu'elle boive la tasse à titre définitif... Ce qui lui valu des sarcasmes redoublés sur la faible taille de ses flotteurs qu'elle ferait bien de faire gonfler pour mieux nager... Et devinez qui en était à l'origine? Toujours le même... La seconde semaine se déroula grosso modo comme la première. Montée de cordes, course à pieds, pompes, entrainement au combat et reptation dans des tuyaux formaient de plus en plus notre quotidien. A force, notre sensibilité à la douleur s'estompait et notre résistance à la fatigue augmentait. L'adjudant perdait de plus en plus fréquemment patience devant les pics de notre trouble fête, et Inox visiblement était à 2 doigts de renoncer... Puis en fin de semaine, vint l'épreuve des questionnaires... Il inaugura une semaine entière de formation/questionnaire d'évaluation qui se passa en majorité de temps à l'intérieur, et après chaque questionnaire rempli ou cours terminé, c'était 30 minutes de course à pieds minimum... Notre emploi du temps sur cette période n'avait que 3 moments constants : la douche du matin, à 7h, le repas du midi, et le repas du soir à 19h. tout le reste variait. Par exemple on pouvait très bien nous réveiller à 2h du matin pour nous faire remplir un questionnaire 10 minutes après, et faire 2h de course à pieds ensuite, en tenant bien au dessus de notre tête la torche... Ou alors nous faire courir toute la nuit dans de la boue et sous la pluie en relais et nous faire miroiter un petit déjeuner qui ne venait à 4h du matin, et nous renvoyer à dormir à 7h, après la douche, nous réveiller à 11h30 pour le repas, puis repartir en cours pour 3h et faire un exercice de combat à la lance, un questionnaire, puis technique de combat à l'épée, et ainsi de suite... Aussi bien que nous étions crevés, et dés qu'on pouvait, on dormait, car rien ne nous disait que dans la demie heure qui suivait nous n’ayons pas un exercice d'évacuation à faire dans les 5 minutes... A la sortie de cette formation, nous finîmes par être tous validés comme ASPIRANT élèves de l'horlogerie... Je craignais le pire pour la suite...
Dernière édition par Alariel le Sam Oct 26, 2013 10:55 pm, édité 1 fois.
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