Chronique du balafré : 4 Excursion dans les marais a. une rencontre fort plaisante 2 jours sans problème plus important que nos nombreuses courbatures, mais petit à petit, notre équipe (moi y compris) nous fortifions, et l'air au lieu de nous rendre malade comme au départ nous faisait nous muscler plus vite, et c'est le physique poli comme une lame de bon couteau que nous avancions. Même Inox souffrait moins du poids de sa prothèse... Puis lors d'une garde, nous avons été attaqué par une sorte de rat sans queue, à poils si durs qu'ils en devenaient dur et piquant et qui faisait à peu près la taille de 2 rats adultes... La seule défense de la bestiole, qui a été rapidement submergée et s'est mise en défense, a été de se rouler en boule et à ne présenter qu'une boule de pics face à nous... Mais grâce à nos épées, nous passèrent au delà et la chair qu'on en tira nous permit de faire une soupe excellente... Et c'est du coup le ventre plein qu'ils poursuivirent la route vers leurs destins...
Plus nous avancions et plus la légère brume de début de matinée du départ se transforma en purée de pois...
b. une rencontre fort déplaisante Rapidement, nous avons pataugé dans une sorte de boue digne des pires inondations de notre ville d'origine. Tout était là : l'eau stagnante, la boue en pagaille et régulièrement, des flaques jaunes à l'odeur détestables... D'ailleurs, heureusement pour nous, leur odeur nous permit de nous repérer malgré la purée de pois qui bientôt nous enveloppa. Nous faisions confiance au radjudant qui semblait savoir comment se diriger, et éviter les flaques.
Poisse-patte nous avertis qu'il y avait un danger en utilisant les signaux des patrouilleurs. Aussitôt nous fumes sur nos gardes, et nous armèrent. Puis suivit un tas de signaux, disant "fin d'alerte, tout va bien" suivit... Sauf qu'ils venaient d'un peu partout... Quand un gros "plouf" se fait entendre pas loin... Une sort d'épieu grossier se planta à 5 m de nous, puis sombra dans les boues du marais...
Chacun se mit en cercle et scruta en silence le grand mur blanc de la brume, sans succès. Rouillé avait disparu, sans rien nous expliquer. Il s'était éloigné du groupe, et je me suis demandé sur le moment s'il n'avait pas fini par perdre la boule à s'éloigner comme ça... (Le radjudant nous as prévenu que de trop respirer les miasmes des flaques jaunes rendait fou...) Puis un tas d'autres pics tombèrent dans toutes les directions, nous étions attaqués par des créatures intelligentes... Et encerclés! Formation défensive, et après avoir été frôlé par des jets de pics, nous les avons vu... Des difformes! Des créatures immenses qui courraient à notre rencontre... Et toujours pas de nouvelle du rouillé... J'avoue que sur le moment, mon premier réflexe a été de me pisser dessus. Les difformes sont des créatures grotesques mais ô combien cauchemardesques. Le premier qui s'est approché était haut comme 5 rats (ndr : c'est ses impressions, pas la réalité...), et trainait un marteau qui devait tuer un rat par coup... Heureusement, arrivé à une dizaine de rats de distance, le brûle-tout lui a réglé son sort en un rien de temps... Cette montagne de chair tomba d'un bloc, sans doute poumon grillés, vu la vitesse de sa mort... A côté, un autre tomba, une flèche entre les 2 yeux lui donnant un air curieux, à cette brute de taille normale, mais à la partie supérieure surdimensionnée, et aux bras faisant le triple de taille par rapport à ses jambes...
Puis j'entendis la Poisse demander de l'aide, et je ne sais ce qui me prit, sans doute le conditionnement du régiment, mais je partis dans la direction des cris... Et après une orientation plus à l'ouïe qu'à la vue, une cinquantaine de mètres plus au nord, je vois que la Poisse est aux prises avec un difforme à 3 bras... Et est vautré de tout son long à 5 mètres du difforme. Toujours sous l'emprise de la testostérone, je fonce au contact, dans le dos. Heureusement, le brouillard étouffait tout, ce qui me permit de placer un coup dans le dos, alors que le difforme étranglais la Poisse...En hurlant, il lâche la Poisse et se retourne. J'ai toujours mon couteau, mais le rat fait bien 3 fois ma taille, et je commence à me dire que ça a été une très mauvaise idée de le déranger... En plus je me mis à émettre les phéromones de peur, ma queue se replia direct entre les jambes et mes oreilles se plaquèrent à ma tête... Ca allait chauffer, et je me demandais bien ce que je faisais dans cette galère... La lourde patte de mon agresseur passa à au moins une tête de moi. Certes, il était fort, mais pas très rapide. Sans réussir vraiment mon coup, lui commençait à se rapprocher dangereusement, et mes esquives à répétitions commençaient à me fatiguer. Ses attaques commençaient à passer un peu trop près de moi à mon goût... Heureusement le rouillé, qui avait retrouvé un peu de forme et son arme, put placer une autre attaque. Le rat fut pris entre 2 feux et se mit à reprendre ses attaques sur la Poisse... A mon grand soulagement, dois-je l'avouer? Mais ce retournement de situation nous permit de placer une autre attaque... Le difforme à force d'être pris entre 2 feux, ne pouvant surveiller qu'un côté, se mit à saigner abondamment du flanc. Ses attaques furent de moins en moins précises et bientôt il s'écroula. N'attendant pas notre reste, nous l'achevons rapidement, et revinrent sur le camp. Là, c'était un chaos absolu, et les derniers difformes en état tentèrent de fuir en voyant de nouveaux renforts arriver... Et furent stoppés en pleine course par nos attaques à distance... La menace passée, nous fîmes le compte des survivants, tout en dévalisant les cadavres... Le rouillé était salement amoché et demandait une surveillance médicale importante, sinon pas vraiment de grosse blessure... Nous avions eu une sacrée chance!
c. Le camp Nous finîmes par retrouver le camp des éclaireurs. Totalement ravagé, pillé, de nombreux rats , gisant au sol, dans des états de décomposition avancés. Plus aucun signe de vie. Un haut d'horloger trouvé au milieu des marécages semblait pointer dans une direction au nord.
d. point de discorde La plupart de la patrouille fut pour rebrousser chemin jusqu'au camp de base. De mon côté, j'étais partant pour aller voir si les membres de l'horlogerie n'avaient pas trouvé refuge vers ce fort, les autres n'étaient pas très chauds et pensaient que notre mission était terminée, que l'équipe avait été massacrée et qu'il fallait rebrousser chemin. Comme ça se comprenait pour les plus blessés, nous décidâmes de nous scinder en 2. "Mon" équipe de 3 éclaireurs comprenant le Radjudant, moi-même (j'avais été obligé de dire que je comptais m'y rendre, même seul pour que l'équipée se fasse!) et un autre rat courageux (NdR : j'ai pas de notes!), s'ébranlèrent vers le nord, alors que les autres repartirent sur leurs pas, en ouest/sud-ouest. Le marché était le suivant : avec l'éclopé, ils iraient moins vite que notre équipée, faite de vaillants et surtout intacts rats... Donc ils revenaient au camp de base, attendaient une 1/2 journée, puis repartaient au cas échéant sans nous attendre, en espérant que nous les rejoindrions d'ici au fort, mais sinon nous considérant comme perdus corps et âme...
5. expédition vers l'inconnu Pendant une demie journée, nous déplaçant furtivement et faisant attention de contourner les colonnes de vapeurs jaunes, de plus en plus présentes, nous aperçûmes, après 1/2 journée de marche, au loin une construction qui détonnait dans cette région faite de boue... Une grande tour de pierres taillées, couverte de lierres et sans doute aussi de mousses et de lichens, entourée d'un mur haut d'une enceinte d'une dizaine de rats de hauts... A ses pieds des rats trimaient sang et eau pour faire prospérer des plans de maïs dans des champs assez bien entretenus. Au dessus du mur d'enceinte des gardes peu vigilants, et des patrouilles dans les champs... Aussi étonnant que cela paraisse, des rats portant des vêtements d'horlogers commandaient des troupes de difformes. Au risque de ma vie, pensant aider les rats qui travaillaient aux champs à fuir, et essaya de m'intégrer au groupe le plus éloigné de l'enceinte. Dés qu'ils me virent, ils furent pris de panique et tout de suite l'odeur âcre des phéromones de la panique extrême fusèrent et m'entoura rapidement. Ils donnèrent tous les signes de soumission possible et une seule chose revint en boucle : il faut fuir, et si le "maître" apprenait qu'ils avaient parlé à un étranger, ils seraient punis. J'essayai de les convaincre de fuir avec moi, mais aucun ne bougea, répétant en boucle que le maître allait les punir s'il apprenait ça. Ne pouvant rien en tirer de plus, je laissai ces malheureux à leur sort et rebroussai chemin à mon tour sans être vu.
6. retour sans incident Que dire du retour, à part qu'il fut plutôt maussade (Même si je me réjouissait d'avoir retrouvé Inox en un seul morceau). Nous finirent par être obligé de transporter le blessé recueilli dans une civière faite de branchages et d'une couverture : il avait fini par sombrer dans le coma et divaguait plus ou moins... Nous arrivâmes juste au moment où l'équipe de sauvetage s’apprêtait à partir.
Après avoir fait notre rapport à nos supérieurs, nous fûmes mis une semaine en isolation, avec interdiction de parler à qui que ce soit en dehors de notre équipée... De mon côté, j'avais Inox, des repas servis régulièrement, et ça me permit de m'entrainer un peu plus à la discrétion...
Puis, un jour, après une cérémonie de promotion, nous fûmes immédiatement réaffectés sur une autre mission... Mais ceci est une autre histoire...
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