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Voila ce qu'il reste des dossiers de F. Ramir, un privé à la petite semaine qu'on a retrouvé dezingué dans un caniveau.
2 balles dans la tête et noyé dans son vomi, le pauv' type avait que peu de chance de s'en tirer...
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C'avait été un sale WE, il en avait bavé et il avait dû casser quelques machoires, mais cette fois ça y était. John H. Camel se laissa tomber dans le fauteuil années 30 en bois qui lui tournait le dos un instant auparavant, derrière son bureau, et s'alluma une cigarette.
Le tube de poison vissé au coin de la bouche, il vida sans ménagement le sac que la poupée du Blue Bar lui avait remis, et une liasse de papiers vient s'étaler devant lui. Le sac termina mollement sa course à côté de la corbeille du chat. Sans prêter plus d'attention aux protestations du félin réveillé en sursaut, John H. Camel remit de l'ordre dans les papiers en même temps que dans ses pensées.
Tout avait commencé il y a quelques mois... En fait non, tout avait commencé il y a plus de dix ans, maintenantt, mais s'il se laissait aller dans cette direction, il trouverait plus de question que de réponses... Comment Tarako pouvait-elle envoyer des montagnes d'un bout à l'autre de l'Empire ? Comment des personnages pouvaient cumuler les écoles de courtisan et de duelliste, ou encore se prétendre à la fois moine et escrimeur ? Camel ne voulait plus se poser toutes ces questions, il y a longtemps qu'il avait appris à accepter l'inacceptable. On osait même prétendre, ici et là, qu'Otemi était aux portes de la mort. Mieux valait ne pas y penser et se concentrer sur les pièces à portée de la main.
Il y a quelques mois, donc, un certain Nico B., de Toulouse avait fait irruption dans son bureau et entamé une tirade de plusieurs minutes devant Camel sans même laisser le temps à ce denier de lui faire son laïus mensonger habituel expliquant l'absence d'une secrétaire et d'un verrou sur la porte des toilettes. Peu importait, au final, Camel connaissait un peu Nico B. et savait qu'il ne s'embarrassait pas de tels détails.
Nico B. était flic, pas le bon flic qui va aider la vieille à traverser, et pas non plus le mauvais flic qui va bourrer les côtes du vendeur pour lui faire comprendre que c'est aussi un peu de sa faute s'il s'est fait dévaliser. Un flic, juste un flic, qui essayait de faire son taf et de s'en tirer le moins mal possible dans cette chienne de vie. Les Affaires Etranges et Garanties chelou avaient comme d'habitude mis la main sur une affaire pas claire. Jusque là pas de problème. Sauf que ça semblait concerner un phénomène international : spontanément ou presque, des geeks se rassemblaient pour s'abriter de la lumière du jour un week-end durant. Impossible de savoir pourquoi. Impossible de savoir selon quelles règles. Et ça, c'était perçu comme étrange et garanti chelou par la hiérarchie.
Il fallait comprendre. Et les AEG pédalaient dans la semoule. Il leur fallait une solution, et une explication, les deux assez rapidement. Camel avait longuement réfléchi au problème. Il avait fait parler un peu ses indics, surtout ceux qui semblaient avoir oublié son existence et qui se taisaient un peu trop ces derniers temps. Faire chanter les oisillons, comme disait Martin.
Il en était arrivé à la conclusion que le meilleur moyen de démêler cet écheveau était d'en devenir partie prenante. Il avait exposé son plan à Nico B., qui avait obtenu l'accord de sa hierarchie... en toute discrétion bien sûr. Camel avait encore une fois le rôle du fusible, mais peu importait. Les geeks l'avaient trop fait souffrir, ils devaient payer. Et Nico B. jouait là dessus. Il s'agissait d'organiser un guet apens, un faux, un simulacre de rassemblement, et de fermer définitivement les portes sur ces monstres. En attendant, nul ne devait rien savoir.
John H. Camel s'alluma une seconde cigarette en faisant pivoter le fauteuil vers la fenêtre. Dehors, la ville dormait, ignorant tout de ce qui se tramait. Ces deux propositions sonnèrent faux à ses oreilles : cette ville ne dormait jamais, et il avait le sentiment que tous ses efforts étaient vains, que tôt ou tard, le bruit courrait qu'à Lyon, en mai...
Les pensées de Camel furent interrompues par le fracas de la porte, violemment dégondée ; il n'eût que le temps de se jeter sous son bureau avant de se maudire d'avoir laissé son arme vers l'étui du saxophone. Puis c'est son interlocuteur à la voix si reconnaissable qu'il maudit...
"-Salut John ! Ca te dérange si on entre ? Oups, c'est déjà fait. Tu vois, on a bien frappé avant, nous tâchons d'apprendre les bonnes matières à ce bon vieux Stinger..."
Camel entendit la brute hoqueter lentement en ce qui devait être pour lui une sorte de rire. Il se releva lentement, les mains dégagées, prêt à bondir à travers le verre et le bois de sa fenêtre.
-Salut les Freaks... Votre maman sait que vous êtes là ?"
La brute serra les poings. A ses côtés, un petit homme en costume rayé, lunettes fumées rondes et chapeau ridicule lui tapota le bras. Derrière, Camel aperçu également le troisième frère Phirax, plus communément appelé Slinger Freak.
Slinger le taciturne, Stinger la brute et Slanger le babillard. Les Freak Brothers.
"Alors comme ça, il paraît que tu bosses pour un certain Nico B., de Toulouse, Camel ?
-Faut pas croire tout ce que tu lis dans le Journal de Mickey, Slanger.
-De plus en plus spirituel, à ce que je vois. Tu devrais arrêter le tabac, John, c'est mauvais pour ce que tu as. Mais tel que je te connais, tu ne finiras pas tué par le goudron et la nicotine...
-...alors que toi, tu finiras dans le goudron et les plumes."
Slanger se raidit.
"-Stinger ?
-Oui frangin."
Avec une rapidité surprenante pour sa masse, la brute se jeta littéralement à travers le bureau pour agripper Camel au col et lui asséner immédiatement un "coup de boule" magistralement placé.
"Tu sais John, murmura-t-il de sa voix épaisse, faut pas se moquer de Slanger. Il rigole, mais il n'aime pas ça. Moi non plus, je n'aime pas ce que je fais... mais c'est mon frère. Je peux pas te laisser dire du mal de mon frère ; je le protège, hein ? Alors arrête... déjà que tu parles de maman...
-OK Stinger, j'essaierai de me limiter aux commentaires sur ta soeur...
Une volée de baffes, lourdes comme des palettes de briques, vint saluer sa réplique, le plongeant dans l'inconscience.
Quand il reprit connaissance, Camel, sentit d'abord la chaleur du sang, son sang, dans son cou, il devait avoir quelque chose d'ouvert vers le front, puis les cordes qui lui sciaient les bras et le maintenant sur son fauteuil. Slanger, assis sur le coin du bureau, qui feuillette les notes de Camel.
-Notre ami revient à lui, on dirait. Disposé à parler ?
-Tu peux aller te faire foutre, Slanger.
-Slinger ?
Grognement du frangin, qui sort une lame et commence à jouer le long des oreilles de Camel...
-Slanger, je ne sais même pas ce que tu veux !
-Tu sais TRES bien ce que je veux. Le PAG. Le lieu, la date, le plan.
-Le PAG ?
-Le Piège à Geeks, John, le Piège ! A moins que tu ne souhaites que la délicieuse Dora ne reçoive d'abord tes oreilles, puis tes tétons, et ainsi de suite, jusqu'aux parties qu'elle préfère...
-OK, Slanger, je crache le morceau.
-Bien... Tu permets, je t'emprunte de quoi écrire ? Voilà, je t'écoute."
"JE T'ECOUTE, JOHN !
-Le... Le Samedi 12 et le Dimanche 13 Mai, à Lyon.
-Bien... l'adresse exacte, John ?
-Ce sera à la Maison Ravier, 7 rue Ravier, dans le septième arrondissement de Lyon. C'est une salle qui sera limitée à environ 180 places. Il y a un arrêt de métro presque juste en face, l'arrêt de métro Jean Jaures, sur la ligne B, la même qui passe par la gare de la Part Dieu.
-Merci John... Rendez vous au joli mois de mai alors... et préviens tes amis les flics que si je les vois là bas le jour dit, je déclencherai un tel chaos dans la ville que la déclaration de guerre à la Suisse et la bombe nucléaire sur la Belgique apparaitront comme un joyeux conte de Noël.
-Slanger ?
-Oui, Stinger, tu peux te faire plaisir, on t'attends dehors."
Camel perdit de nouveau conscience tandis que les poings de ce sadique de Stinger jouait une polka de tous les diables sur son abdomen...
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JOHN !
C'est le cri de Dora qui réveillé Camel. Inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son protecteur, la fille de l'ancien frère d'armes de Camel, Dora Dunhill, s'était rendue à son bureau pour le trouver dévasté, et Camel dans les bras de Morphée.
"-L'ait connu plus accueillant, d'ailleurs...
-John mondieu, que t'est-il arrivé ? De qui parles-tu ?
-De Morphée, mais ça n'a aucune importance. Ecoute... nous avons peu de temps... il faut que tu diffuses le plus rapidement cette info... tu iras voir Baby Face Royale, au Blue Bar, et tu lui répètes ce que je vais te dire, tu comprends ?
-Mais John, je ne peux pas te laisser comme ça !
-C'est moi l'adulte, Dora, OK ? Je prends soin de moi, et tu me rends ce petit service... tu diras à Baby Face que les Freaks Brothers sont au courant... Il comprendra... S'il te demande des détails, dis lui que La salle ouvrira le samedi à 09h00 du matin... Il y aura vraisemblablement huit rondes, tel que je connais Slanger, avec une pause bouffe, et un top 32 le soir. Dis lui de préparer des petits Draft un peu tout au long de la journée, avec un Open 40/40 le samedi soir en même temps qu'un side à la con en 40/40 Lotus... même si j'imagine que lui il préfèrera faire un tour en ville pour manger un morceau et boire un verre... et pour le lendemain, un gros Draft en même temps qu'un side par équipe... C'est du classique, tu n'as pas besoin de noter, mais écoute moi et dépêche toi ! Slanger ignore le tarif, on peut jouer là dessus. Tu diras que le prixdu WE sera de 18 euros en préinscription, et 25 sur place, et que le paiement par PayPal est possible, mais à 20 euro."
En même temps qu'il parlait, il sentait que Dora le libérait des cordes et lui désigna le placard où il rangeait ses bouteilles. Un verre de bourbon plus tard, il reprit :
"Prends la bagnole qui est à la gare, c'est une Chevy 1941 bleu clair, tu pourras pas la louper. Dans la boîte à gant tu trouveras un carnet avec une liste de noms. Si tu as des soucis, ou besoin de quoi que ce soit, tu les contactes. Ce sont des gars sûrs, des anciens de la Marne, comme ton père : le Karibu, LeYan, Ganesh le Crabe le plus cool de l'Univers, comme on l'appelait, Shinjo Rémi, un avocat doublé d'un médecin, si t'as un problème de règles c'est à lui qu'il faut demander, P'rrck, Azrael et tous les autres... l'unité Pioche Ta Carte, qu'on s'appelait. Toute l'opération devrait être pliée le dimanche à 18h30...
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Carré dans son fauteuil capitonné, Baby Face Royale avait écouté placidement toutes les informations délivrées par Dora.
"C'est bien ma fille. Détends toi, ça va bien se passer. Tu vas retrouver Marlène dans les loges et tu vas te reposer. Baby Face s'occupe du reste..."
Quand elle fut sortie, Baby Face soupira... Camel, dans quel guêpier t'es tu encore foutu ? Heureusement que son club, le "Site Web bientôt en ligne" était une bonne couverture pour la petite. En attendant, c'est ici, et à lui, que toutes les questions devront être posées...
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Le YAN,
le sale roux.
Ardens a écrit: La vache, j'en avais l'impression, mais en fait t'es vraiment grave pour de vrai.
Wargreg a écrit: Ta réponse revêt, comme trop souvent, un caractère agressif, puéril et condescendant.
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