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 Sujet du message: Bram Stoker à travers son oeuvre.
MessagePosté: Mer Nov 21, 2007 12:28 pm 
Gros Troll
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Introduction explicative

Voici un sujet sur Dracula de Bram Stoker.
Ce n’est pas franchement un critique, je ne suis plus capable de ça sur cette œuvre. Je vais donc déballer mon sac et commenter ma vision sur ce texte.
Je n’ai pas prévu de parler des œuvres inspirées par celle-ci, ni des autres écrits de Stoker même si ça me démange, alors n’hésitez pas à compléter.
Le sujet sera découpé pour plus de clarté (par nécessité plutôt)en quelques parties :
En premier lieu, je présente le contexte et l’auteur. Les parties étant indépendantes n’hésitez pas à survoler !

Ensuite la présentation de Dracula, et une discussion sur cette même façon d’aborder le personnage nourrit une seconde partie.

Troisièmement, j’aimerai aborder la structure du roman.
Ce titre pompeux ne doit pas repousser la lecture car je pense qu’il est bon de se pencher sur la structure d’une œuvre réflechie pendant dix ans au moins.
J’y aborde certaines pistes de lecture intéressantes à mon goût et j’y fait une légère critique.

At last (but not the least) j’essayerai de me mouiller un peu plus sur le thème de l’érotisme (dans le récit.)

Evidement, on pourrait aller plus loin, mais pour l’instant je n’y tiens pas. Je vous assomme sûrement déjà assez.
Bonne lecture.
:roll:

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 Sujet du message: Bram (Abraham) Stoker
MessagePosté: Mer Nov 21, 2007 12:43 pm 
Gros Troll
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Bram Stoker

Le 8 novembre 1847, la petite localité irlandaise de Contarf, située au nord-est de Dublin, voit naître, au 15 Crescent Marino, une future gloire, Abraham Stoker.
Le père est fonctionnaire au Secrétariat général de Dublin castle, employé dans l’administration depuis seize ans, comme sont propre père l’a été et la mère est engagée en faveur de la condition féminine, ardente et dévouée.
Enfant maladif jusqu'à l'âge de huit ans, il écoute lors de sa longue convalescence les légendes irlandaises surnaturelles racontées par sa mère. Ces récits le marqueront toute sa vie.
Il travailla dix ans sur Dracula, ayant pris connaissance grâce à Arminius Vambéry (de son vrai nom Hermann Vamberger), spécialiste de l'Europe centrale, de l'histoire de Vlad Tepes.

En 1863, le jeune Stoker est devenu par miracle un adolescent de seize ans robuste, enjoué et d’une stature imposante en qui personne n’aurait osé imaginer l’enfant malade qu’il avait été. J’expose ces détails car ils ont teinté en profondeur les récits de l’écrivain.

En 1875, sa famille vole en éclat et part en France, en 1884, Charlotte, la mère de B. Stoker, retourne en Irlande. Beaucoup de recul est pris par l’auteur dans ces années là, mais je ne rentre pas dans les détails.

1888. Année maudite en Angleterre. Un fait divers extraordinaire bouleverse tout le Royaume-Uni et plonge les Londoniens dans la terreur pendant dix semaines. L’affaire Jack the Ripper éclate. Je ne vais pas rentrer dans le détail de l’affaire, même si c’est fort intéressant de voir ce que la peur, l’inconnu fait cristalliser dans l’esprit des hommes et à quel point ça fait naître le sentiment d’irrationnel et d’occulte au delà de l’imaginable… On en parle encore.
Ceci étant dit, Bram Stoker reçoit de l’Histoire un terreau favorable pour élaborer ses écrits. De surcroît cette affaire intervient pendant une période de crise sociale qui rajoute de la brume au trouble déjà présent. L’opinion a encore en mémoire les tragiques évènements de novembre 1887 où une manif’ de 25000 chomeurs à Trafalgar Square s’est soldée par de terribles échauffourées qu’on lui donnera le nom de Bloody Sunday. L’ombre du mystère et de la violence plane plus que jamais sur la capitale britannique.

L’année 1897 est importante à plus d’un titre. L’Angleterre fête avec faste le jubilé de la reine Victoria. Un énorme scandale ébranle la société victorienne : l’affaire Oscar Wilde…
Pour Stoker, 1897 est à marquer d’une pierre blanche : c’est l’année de la sortie de son immense travail, dix année de préparation et d’écriture, Dracula.
Stoker se révèle très perfectionniste et son ouvrage s'apparente autant à un roman qu'à une étude ethnologique, historique, géographique ou folklorique.
Le premier tirage est de 3000 exemplaires. Il sort en pleine mode du vampirisme : ainsi le mois de sa parution coïncide-t-il avec une exposition du peintre Philip Burne-Jones où était exposé le portrait d’une femme vampire. Au théâtre, le Vampire de Nodier est adapté en anglais et reçu un grand succès, ainsi que le Varney the vampire or the feast of blood de Thomas Prieskiett. La publication de Dracula fait l’effet d’une bombe. A l’exception du Punch et du Bookman qui se montrent réservés, les critiques sont laudatives, flatteuses, dithyrambiques.
Un bémol dans ce concert de louanges, la plus inattendue, celle d’Henri Irving. Stoker organise une lecture le 18 mai 1897 devant un parterre d’intimes. Irving conclura par un laconique : « dreadful » Affreux. Jalousie secrète de voir son subalterne au théâtre en passe de connaître un succès inattendu ou bien s’est-il reconnu dans le portrait du vampire ?

Enfin bref, on parle de chef-d’œuvre de l’épouvante et la carrière de Stoker est dans son age d’or. Pour la suite de l’histoire ou pour compléter ce que j’ai écrit, n’hésitez pas à consulter des ouvrages ci-dessous :
Harry Ludlam, a biography of Dracula, the life of Bram Stoker, 1962
Phyllis Roth, Bram Stoker, 1982
en français :
Alain Pozzuoli, Bram Stoker Prince Des Ténèbres. Biographie, 1989

Ou sinon la brève biographie disponible en préface dans le recueil Oeuvres, Bram Stoker chez Omnibus, 2004. (un très bon bouquin d'ailleurs, qui doit être présent dans la boutique d'ailleurs...) :wink:

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 Sujet du message: Dracula
MessagePosté: Mer Nov 21, 2007 1:58 pm 
Gros Troll
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Dracula
Reflexions sur la forme du personnage...

Selon Matei Cazacu, auteur aux éditions Tallandier d'un ouvrage de référence sur Dracula, Bram Stoker s'est largement "inspiré" d'un roman de Marie Nizet intitulé Le Capitaine Vampire. Mais même si il y a eu plagiat, c'est bien la plume de Stoker qui permit à Dracula de devenir le vampire par excellence.

Le nom du personnage de fiction se confond avec celui du personnage historique. Il est dérivé du substantif dragon qui, en roumain, se dit dracul, la famille de Vlad Ţepeş ayant été nommée par les historiens les Drăculea. En effet, le père de Vlad Tepes a été surnommé Vlad II Dracul - Vlad II le Dragon - car il était membre de l'Ordre du Dragon. Par ailleurs, dracul ne signifie pas que "dragon" en roumain, mais également "diable". C'est cette ambiguïté syntaxique qui a été développée dans le roman de Stoker, soucieux de souligner avec finesse l'aspect démoniaque du personnage.

Dans l'imaginaire collectif, le comte Dracula est représenté comme un aristocrate dans la force de l'âge, grand et svelte, avec des traits fins, le teint pâle et les cheveux noirs. Il est habillé d'un costume sombre et d'une grande cape noire à doublure rouge. En réalité, cette représentation a évolué dans le temps.
Pour remettre dans un contexte de pensées, Bram Stoker, en faisant le portrait de son monstre, s'est inspiré des thèses de Lombroso, très en vogue à l'époque : on croyait alors, en effet, que la forme du visage d'un homme indiquait son caractère et le portrait de Dracula correspond à celui du type criminel. Aller de l'avant vers la fine reflexion des traits rend la lecture riche à plusieurs degrés d'analyse. Bram Stoker n'est pas simplement un écrivain de génie, mais un écrivain de son temps, qui crstallise dans ses récits l'ombre de son siècle.
Par ailleurs, David J. Skal, qui relève plusieurs références à l'œuvre de William Shakespeare dans le roman, apparente Dracula à Hamlet qui, lui aussi, était vêtu de noir.
Le Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau, quant à lui, est également laid et inquiétant, et épouse plusieurs des caractéristiques physiques du personnage de Stoker pour exalter le fond, rendre plus clair ce qui est l'essentiel de ces figures du fantastique...

Le Dracula originel, celui de Bram Stoker, ne correspondait pas à cette peinture : il s'agissait d'un vieillard — qui rajeunissait tout au long du roman — plutôt laid et repoussant, ayant un corps grand et maigre, un nez aquilin, des sourcils broussailleux, des cheveux rares aux tempes, une épaisse moustache, des doigts courts et forts, des paumes poilues et d'une froideur envoutante. (cf p.435 et 438 des Oeuvres de Bram Stoker éditées chez Omnibus)
Il n'avait rien du bellâtre séducteur et puise son charisme dans le language et la manipulation. Son aura est profonde et dès le départ s'installe ainsi, du fond à la forme.

Stoker va plus loin :
L'idée de cette présentation du personnage à l'apparence de plus en plus attirante est parmis d'autres choses encore, une des merveilles du livre. On apprend à connaitre le monstre et celui ci nous devient plus famillier. C'est l'idée parallèle mais plus sombre que celle qui apparait dans le terme d'apprivoiser chez Saint Exupery. De plus, avec les sentiments et l'Amour, la figure du monstre est amplifiée et raffinée jusqu'à en devenir dangereusement proche. Elle représente de plus en plus ses propres chimères et ses propres fantasmes.
Le personnage de Dracula a ceci de fascinant qu’il représente un véritable catalyseur : en lui se cristallisent des représentations très diverses selon la personnalité des personnes qui l’évoquent. Il semble qu’il possède ce pouvoir de libérer des fantasmes, des attentes, mais également des représentations culturelles. On ne peut voir que ce que l'on veut, car l'autre est souvent qu'un reflet de nous-même.
Les lecteurs que cet aspect intéresse pourront compléter leur réflexion en se référant, entre autres, à l'article de Gilles Ménagaldo intitulé Figurations du mythe de Dracula au cinéma : du texte à l'écran paru dans Dracula : mythe et métamorphoses.


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 Sujet du message: Re: Bram (Abraham) Stoker
MessagePosté: Mer Nov 21, 2007 10:45 pm 
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Aëris a écrit:
1888. Année maudite en Angleterre. Un fait divers extraordinaire bouleverse tout le Royaume-Uni et plonge les Londoniens dans la terreur pendant dix semaines. L’affaire Jack the Ripper éclate. Je ne vais pas rentrer dans le détail de l’affaire, même si c’est fort intéressant de voir ce que la peur, l’inconnu fait cristalliser dans l’esprit des hommes et à quel point ça fait naître le sentiment d’irrationnel et d’occulte au delà de l’imaginable… On en parle encore.


Incroyant va

Citation:
Un bémol dans ce concert de louanges, la plus inattendue, celle d’Henri Irving. Stoker organise une lecture le 18 mai 1897 devant un parterre d’intimes. Irving conclura par un laconique : « dreadful » Affreux. Jalousie secrète de voir son subalterne au théâtre en passe de connaître un succès inattendu ou bien s’est-il reconnu dans le portrait du vampire ?


N'était-ce pas un compliment ?

Alexandre

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 Sujet du message: Re: Bram (Abraham) Stoker
MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 11:08 am 
Gros Troll
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Gagas a écrit:
Aëris a écrit:
1888. Année maudite en Angleterre. Un fait divers extraordinaire bouleverse tout le Royaume-Uni et plonge les Londoniens dans la terreur pendant dix semaines. L’affaire Jack the Ripper éclate. Je ne vais pas rentrer dans le détail de l’affaire, même si c’est fort intéressant de voir ce que la peur, l’inconnu fait cristalliser dans l’esprit des hommes et à quel point ça fait naître le sentiment d’irrationnel et d’occulte au delà de l’imaginable… On en parle encore.


Incroyant va


Hé hé hé. Meuh, non... C'est juste que je m'accorde la possibilité de ne jamais comprendre. Débattre de ça, encore et encore, me fait rire au éclats. Encore cette année, d'après UR, un type avait découvert "la clé du mystère..."
C'est la volonté manichéenne qu'à l'homme de vouloir tout maitriser qui me fait sourire et donne au texte cette ironie latente.
(C'est fou ce besoin que j'ai de m'expliquer continuellement...)

Gagas a écrit:
Aëris a écrit:
Un bémol dans ce concert de louanges, la plus inattendue, celle d’Henri Irving. Stoker organise une lecture le 18 mai 1897 devant un parterre d’intimes. Irving conclura par un laconique : « dreadful » Affreux. Jalousie secrète de voir son subalterne au théâtre en passe de connaître un succès inattendu ou bien s’est-il reconnu dans le portrait du vampire ?


N'était-ce pas un compliment ?

Alexandre

:lol: Hum, non, enfin je ne crois pas. A cet époque on n'avait pas ce genre d'humour. Même noircie de romantisme morbide, la haute aristocratie reste la haute... :wink:

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 Sujet du message: La structure du roman
MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 11:42 am 
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La structure du roman

Paradoxalement, c'est en plein Siècle des Lumières que le thème du vampirisme fut développé par les écrivains et les artistes. Sous l'influence des différents traités parlant de ce sujet, et notamment par celui de l'abbé Dom Calmet (Traité sur les apparitions des esprits et sur les vampires ou les revenants de Hongrie, de Moravie, etc., publié en 1751), ce furent les poètes allemands qui, les premiers, s'emparèrent de ce thème. Le Vampire, d'Ossenfelder (1748), Leonore, de Bürger (1773), La Fiancée de Corinthe, de Goethe (1797), et La vampire, de Hoffman (1828) étaient les modèles d'un genre qui ne faisait qu'éclore.
(sans transition, promis je ne le refais plus!)
La structure du roman est particulière : la plupart des personnages tiennent, en effet, un journal et c’est l’assemblage de ces différents témoignages qui constitue le résultat final. Dans ces témoignages, le vampire est, la plupart du temps, présenté comme un monstre sans cœur, une représentation du mal absolu. Mais ce n’est pas toujours le cas. Il est ainsi remarquable que Mina Harker éprouve de la pitié à son égard. Quant à Abraham Van Helsing, il est véritablement fasciné, tant par le personnage historique que Dracula a été que par le vampire lui-même ; il s’émerveillera, ainsi, de l’ingéniosité dont le prince des ténèbres a fait preuve pour préparer son voyage jusqu’à Londres : « Si un autre parmi les non-morts avait tenté cette même entreprise, tous les siècles qui furent et ceux qui seront n’y auraient peut-être pas suffi (…). Il a tout accompli tout seul, tout seul, à partir d’une tombe en ruine au fond d’un pays oublié » (p 516-518).

Pistes de lecture

Cette partie ne prétend pas faire une analyse détaillée du roman - cela pourrait faire l'objet d'un travail de recherche à part entière - mais donner quelques pistes de lecture pour permettre aux lecteurs d'appréhender la richesse sémantique de l'œuvre.

Histoire et modernité

"J'étais là, consignant dans mon journal, en caractères sténographiques, tout ce qui m'était arrivé depuis que je l'avais fermé la dernière fois. C'est bien là le progrès du XIX° siècle! Et pourtant, à moins que je ne m'abuse, les siècles passés avaient, et ont encore, des pouvoirs qui leur étaient propres et que le "modernisme" ne peut pas tuer" (p 86).

En s'exprimant ainsi, Jonathan Harker met en exergue une des pistes de lecture du roman. L'Angleterre de la fin du XIX° siècle est le lieu du triomphe des deux révolutions industrielles, le lieu où se développe pleinement l'idée du progrès. Cet aspect est largement repris dans l'œuvre de Stoker puisque les personnages font largement usage des inventions récentes: la machine à écrire, le phonographe, le télégraphe, le train... Toutes ces inventions sont mises en valeur et serviront à contrer les projets du comte. Inversement, la Transylvanie du XIX° siècle est le lieu du règne du passé, des anciennes coutumes, des superstitions et le combat entre Dracula et les autres personnages symbolise cette confrontation entre les deux Europes, l'une tournée vers l'avenir et l'autre écrasée sous le poids du passé.

Il est important de souligner ici que l'intrigue de Dracula se déroule dans l'univers contemporain de Bram Stoker. Ce point est largement ignoré de la plupart des adaptations postérieures du roman, qui continuent de situer l'intrigue au XIX° siècle, occultant ainsi cet aspect sémantique majeur.

Deux figures du scientifique

Dracula oppose le roi vampire et son adversaire, Abraham Van Helsing, sur de nombreux points, dont celui de l'appréhension de la science: à un portrait du scientifique qui n'appréhende le savoir que comme un moyen de servir ses propres intérêts s'oppose celui qui met son savoir au service de l'humanité et qui reste ouvert à toutes les hypothèses, que celles-ci paraissent probables ou non.

Dracula, quand il était mortel, était en effet un brillant scientifique, comme le rappelle Van Helsing: "il était de son vivant un homme remarquable, guerrier, homme d'état, alchimiste; et l'alchimie représentait alors le plus haut degré de la science. Il avait une puissante intelligence, une culture sans égal" (p 492). Après sa mort physique, l'ancien voïvode a gardé ce goût du savoir. L'importance accordée à la description de la bibliothèque, qui apparaît comme une pièce importante du château du comte, atteste ce goût, au demeurant pour des domaines diversifiés: "histoire, géographie, politique, économie, botanique, géologie, droit" (p 60). Mais cette soif de connaissance, qui concerne en premier lieu l'Angleterre, est asservie à des fins maléfiques: il s'agit pour le comte d'approfondir ses connaissances dans le but de vaincre, et ce au profit d'un seul être: lui-même.

Van Helsing est lui aussi un grand scientifique; son ancien élève, le docteur Seward, parle de lui en ces termes: "C'est en même temps un philosophe et un métaphysicien - réellement un des plus grands savants de notre époque" (p 199). Mais contrairement au comte, cet autre scientifique met sa connaissance au profit des autres, "pour le bien de l'humanité" (p 200). Il transmet ainsi son savoir, puisqu'il l'enseigne; plus largement, son désir de venir à bout du roi vampire est mû par la volonté de sauver le monde. Outre cette générosité, il est doté d'une remarquable ouverture d'esprit puisqu'il reste ouvert à toutes les branches du savoir, dont celles qui ne connaissent pas encore d'explication scientifique - et dont le vampirisme fait partie.

Les thèmes de la folie

Ces thèmes, repris dans de nombreuses adaptations postérieures, est central dans le roman de Stoker. L'un des personnages, le docteur Seward, est en effet le directeur d'un asile psychiatrique, en l'occurrence celui qui jouxte la demeure que Dracula a achetée en Angleterre, Carfax. Le mystère de la folie s'ajoute au mystère inhérent à la littérature fantastique et l'amplifie : l'un des patients de l'hôpital, Reinfield, est également aux ordres du prince des ténèbres (joué par Tom Waits dans l'adaptation de Coppola).
Mais davantage que le spectacle de la folie, c'est la frontière entre la folie et la raison qui est ici mise en avant : Reinfield a, ainsi, des éclairs de lucidité qui le placent au-dessus des autres personnages qui, eux, ne perçoivent pas le danger contre lequel le fou les met en garde.
Par ailleurs, après sa mésaventure dans le château du comte, Jonathan Harker a le sentiment de basculer dans la folie; seule la révélation de l'existence réelle des vampires le guérira de sa crainte. L'exploitation de ce thème s'inscrit dans une perspective moderniste puisque le roman de Bram Stoker est contemporain des premières études de Sigmund Freud.
La fine séparation entre folie et état ordinnaire est variable. Dans le roman, ce qui est exemplaire surtout en son temps, elle est subjective. Ce n'est que par l'incomprehension ou la volonté de ressembler aux autres que la folie se définie.

Les références à la criminologie

Stocker place dans la bouche de Van Helsing des références aux théories criminologiques de l'époque, notamment celles de Cesare Lombroso qui considère que le criminel est, sous bien des aspects, un être infantile. Ainsi, l'intelligence de Dracula est surtout empirique, peu inventive et répetitive. Il tire certes les leçons de ses erreurs et perfectionne son modus operandi, ce qui ne laisse pas d'effrayer Van Helsing qui insiste sur le fait qu'il faut se débarasser du monstre avant qu'il ne devienne réellement invulnérable (son intelligence progresse car, au moment de l'action du livre, il vit pour la première fois dans une ville peuplée, en l'occurrence Londres, riche et complexe au niveau des interactions humaines). Mais, en même temps, son action s'inscrit toujours dans un même scénario, ce qui rend son action prévisible à ceux qui savent vraiment réfléchir. Quand il échoue (que ce soit contre les Turcs au XVe siècle dans l'Empire ottoman, ou contre Van Helsing à Londres), il se replie vers son château pour, de là, préparer une riposte. C'est ce qui permettra à Van Helsing et ses compagnons de le supprimer.

La circulation de la parole

Chez Bram Stoker, le doublon sang/érotisme est médiatisé par un troisième terme : la parole. Si le vampire possède une telle capacité de nuisance (au moins dans le début du roman), c'est parce que les personnages ne communiquent pas. Van Helsing ne dit pas ce qu'il sait (ou soupçonne) aux victimes ou à leurs proches. Il ne leur explique pas en quoi l'usage de l'ail va permettre de juguler ce qu'il appelle la "maladie". Ce silence est la condition de la catastrophe. Il en est symboliquement la cause. Le manque de confiance et la gangue culturelle rend l'urgence de la communication tout simplement utopique.

Il y a une équivalence directe entre la circulation du sang et celle de la parole. La répression victorienne de la parole permet la circulation du sang. (Il est particulièrement frappant que Dracula soit un roman par lettres : le savoir est éparpillé et sa transmission est lente.)

A partir du moment où les personnages survivants commencent à communiquer entre eux, le vampire se retrouve sur la défensive, obligé de regagner la Transylvanie. Il finit par en mourir.

Dans cette perspective, Dracula peut se lire comme une mise en évidence de la contradiction qui existe entre les exigences de la raison (l'échange du savoir, de tous les savoirs) et la morale victorienne du silence qui est couveuse de chimères.

Dracula tire en partie sa force du mystère et de la fascination qu'il inspire. C'est le cas, dans un tout autre domaine, d'Arsène Lupin. Il bénéficie initialement de la non-communication entre les victimes mais aussi de la non-communication au niveau collectif. En effet, Dracula profite du scepticisme absolu inéherent au climat positiviste de la société anglaise au XIXe siècle pour perpétrer ses activités criminelles : personne, à moins d'assister de visu à ses activités démoniaques, n'est disposé à croire en son existence de vampire. Cela force d'ailleurs ses pourchassants à agir en marge de la loi pour l'éliminer (effraction de domicile, corruption de fonctionnaires, destruction, ou plutôt contamination par une hostie, des effets personnels, décapitation de vampires, assassinat, etc.).

L'approche psychanalytique

Il est possible de segmenter le roman en quatre parties, chacune d'entre elles correspondant à une étape de maturation psychique définie. Selon cette lecture, le roman se découperait ainsi :

* Chapitres I à VI (séjour de Jonathan au château de Dracula): période correspondant à celle de l’enfance ; l’exploration de la chambre et de la crypte, suivie de la fuite de Jonathan, correspond au début du refoulement.

* Chapitres VII à IX (de l’arrivée de Dracula en Angleterre à celle de Van Helsing): apogée de la névrose et des troubles obsessionnels ; les crises se succèdent jusqu’au début de la psychanalyse.

* Chapitres X à XXIII (jusqu’au départ de Dracula fuyant l’Angleterre): première période de l’analyse jusqu’au début de la névrose de transfert.

* Chapitres XXIV à XXVII (jusqu'à la mort de Dracula en Transylvanie): poursuite de l’analyse jusqu'à la liquidation du transfert.

Pour moi, ces manières de voir le roman permettent de se rendre compte de la qualité scénaristique et introspéctive d'un écrit que j'ai déja qualifié d'exemplaire, que ce soit à travers la figure de l'homme décrite en profondeur, ou au travers de la société qui le fonde ...et cela malgré les horreurs de son temps... (Horreurs surtout éthiques d'ailleurs.)

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 Sujet du message: Dernière tartine ; L'érotisme, les sentiments et l'Amour...
MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 6:27 pm 
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L'érotisme chez Bram Stoker

Dans les écrits qu’il a produit sur son projet d’écrivain, Bram Stoker se positionnait contre les auteurs qui, dans leurs récits, parlaient explicitement de sexualité. En cela, Stoker se soumettait parfaitement à la morale victorienne qui caractérisait son époque.
Mais son but n’est pas là.
On a vu qu’il est bien souvent de front contre cette même morale et qu’il exprime clairement à ceux qui veulent entendre que cette morale n’a rien de bon pour la compréhension de soi et de son environnement...

Pourquoi avoir présenté le caractère érotique de son œuvre par des biais douloureux ou compliqués ? Pourquoi avoir écrit un roman dans une encre érotique, alors que rien de sexuel n’y est vraiment décrit ?

Dans le roman de Stoker, l’opposition entre ce qu’il s’entend et ce qu’il se pense est frappante.
La sexualité n’est pas évoquée directement, les descriptions sont imagées et implicites, rien n’est avoué. Mais, finalement, l’érotisme reste lié à la figure du monstre qui cristallise ce que la société moderne refoule dans laquelle le roman se déroule.
C’est un des thèmes principaux qui guide la vie d’une personne qui cherche à se connaître mieux, et, dans un soucis profond d’humanité, je dirais que Stoker ne pouvait pas passer à coté. :)
Pour tout vous dire, pour moi, ce roman est une merveille avant toutes choses parce qu’il parle des sentiments, des désirs et de l’Amour, ceux-ci liés et imbriqués dans une machine infernale qui les détruits et les crées à tout instant.

Le désir à travers l’éros. L’Amour qui le transcende.

L’érotisme jaillit de Dracula une première fois à travers les trois femmes-vampires qui vivent dans le château de Dracula.
L’éloignement, donc le désir de contact avec les facettes connues chez l’Homme qu’éprouve Jonathan le rend attentif à ses émotions, bouleversées et amplifiées…
Lorsque Jonathan les rencontre pour la première fois, il avoue, non sans difficulté, son impuissance face à leurs charmes : "Oui, je brûlais de sentir sur les miennes les baisers de ces lèvres rouges"(p88).
Les sentiments qui dans cette scène se mêlent à la fois au désir du féminin et à son amour qu’il ressent comme éternel m’a profondément ému.
Plus loin dans le récit, Van Helsing éprouvera un désir similaire à leur égard.
Ces Femmes-Vampires, elles vont dans le sens de cette métaphore, dans le sens de ce lien entre le désir et l’amour charnel qu’elles inspirent qui symbolisent la mort ou l’errance dont elles sont l’allégorie. Ainsi leur effet sur le mortel est inévitable. Les cœurs des Homme sont similaires.
Ce n’est donc pas vraiment des personnages, mais des représentations symboliques et c’est en regardant à travers cette lunette le récit de Bram Stoker qu’il prend, à mon avis, tout son sens.

Dracula représente lui aussi une belle allégorie, celle de l’Amour détruit, objet de souffrances éternelles et d’aveuglément. On pourrait détailler, mais je n’y tiens pas. Finalement, chacun y trouve ce dont il a besoin et ce qu’il peut y voir…

L’attraction qu’exerce le comte lui-même sur les femmes est symboliquement moins explicite.
Bram Stoker ne dresse pas de lui un portrait aussi flatteur que pour les trois femmes-vampires : il est laid, est associé à des odeurs nauséabondes… Mais toute personne mordue par un vampire est, par la suite, irrésistiblement attirée par celui-ci, attirance au delà de la symbolique du désir vide de sens, et Mina Harker, tout en soulignant sa répulsion envers le comte, reconnaît cette ambiguïté : « J’étais comme étourdie et, chose étrange, je n’avais nulle envie de m’opposer à son désir » (p470). Par ailleurs, le comte a pleinement conscience de l’attractivité que possèdent les femmes-vampires sur les hommes mortels ; ainsi, voici comment il présente à Mina sa future existence en tant que dévouée : « Et vous, leur alliée très chère, très précieuse, vous êtes maintenant avec moi, chair de ma chair, sang de mon sang, celle qui va combler tous mes désirs et qui, ensuite, sera à jamais ma compagne et ma bienfaitrice. Le temps viendra où il vous sera fait réparation ; car aucun parmi ces hommes ne pourra vous refuser ce que vous exigerez d’eux ! » (p471). Au delà des personnages, les figures des Vampires peuvent être perçues comme la représentation de la part d’ombre en nous, ombre qui projette fantasmes et répulsions dans notre sexualité. Et donc, si Mina tombe sous la totale domination de ce que Dracula représente…

Plus précisément, il est remarquable à quel point les personnages se libèrent des chaînes culturelles qui lient leur sexualité face à la mort.
Ce n’est ni morbide, ni "gothique" pour moi, c’est simplement que ces même personnages, dans la situation dans laquelle ils sont, relativisent l’apport de leur culture et, en s’éloignant d’elle, perdent confiance et surtout se libèrent. L’idée qu’un mal encore plus grand, cette même société, rend possible l’intrusion en nous du monstre que nous chassons est un thème principal de l’œuvre.

Et que penser de l’aspect symbolique de la morsure du vampire ?
De nombreux critiques ont souligné son caractère éminemment sexuel. Le vampire visite en effet ses victimes la nuit, le plus souvent dans leur lit lorsqu’elles dorment ; il les mord dans le cou, qui est un endroit du corps sensiblement érogène. Dans le roman de Bram Stoker, les personnages masculins tentent de sauver Lucy Westenra de la mort en pratiquant des transfusions, lesquelles sont explicitement associées à des formes de mariages, à des unions vitales entre les hommes et la jeune fille. Dans ce cas, le vampire, qui aspire, lui, ce sang, brise cette union vitale pour construire une autre forme d’union, mortelle celle-ci, entre lui-même et sa victime.
C’est une représentation, parmi d’autres, de l’abandon possible dans le rêve. Dans le cas de Mina d’ailleurs, lorsqu’elle sortira de l’influence du comte, dira être comme sortie d’un rêve.


Soulignons plus précisément le passage de la domination des Femmes-Vampires. Jonathan s’apprête à recevoir le baiser mortel des trois femmes-vampires quand le comte apparaît brusquement et les repousse ; s’ensuit cet extrait : « La jeune femme blonde, avec son sourire provocant, se retourna alors pour lui répondre : - Mais vous-même n’avez jamais aimé ! Vous n’aimez pas ! Les deux autres se joignirent à elle, et des rires si joyeux, mais si durs, si impitoyables retentirent dans la chambre que je faillis m’évanouir. Au vrai, ils retentissaient comme des rires de démons. Le comte, après m’avoir dévisagé attentivement, se détourna et répliqua, à nouveau dans un murmure : - Si, moi aussi, je peux aimer. Vous le savez d’ailleurs parfaitement. Rappelez-vous ! Maintenant, je vous promets que lorsque j’en aurai fini avec lui, vous pourrez l’embrasser autant qu’il vous plaira ! » (p91).
Le monstre n’est pas déshumanisé mais simplement au delà de toute pression culturelle ou sociale et il rassemble ainsi sous un angle nouveau les désirs et les valeurs de l’humain en face de lui.
Dans cette scène, Jonathan accepte peu à peu la tentation et le désir naissant comme une bouffée d’air pur de ces tentatrices morbides même si accepter l’acte est perdre l’objet d’équilibre de son existence, son amour passionnel pour qui il était dévoué. Plus encore, la scène est une véritable métaphore romantique de l’Amour face aux désirs. Dracula représente sous ce point de vue l’expression la plus achevée de l’Amour dont le désir est paterné avec fermeté mais compréhension. Il représente l’Amour sans doutes ni pression, celui qui dépasse le conscient, mais mélancolique et incompris alors que Jonathan, figure que ce qu’aurait pu être Dracula encore mortel, reste faible, malléable et se fatigue de son état.

Freud aurait put décrire grossièrement la scène ainsi :
Les trois femmes représentent l’inconscient, Jonathan le moi et Dracula le sur-moi.

(Je note ça parce que cette manière de voir le récit est difficile à analyser et à écrire pour moi, j’utilise donc le maximum des idées qui me viennent ! Excusez moi donc de cette imperfection narrative et ces biais parfois criticables, mais souvent l'idée n'est pas aussi claire sur le clavier que dans le tête. :) )

La facilité du désir rend le désir fugace et méprisable, nécessaire à la perte de soi figuré par la mort et l’état de non-vie, alors que fondé dans un Amour vrai, difficile à épanouir mais aux possibilités insondables, le désir devient noble et raffiné, doux éternel et nécessaire à la vie.

Chez Bram Stoker, Dracula est un vampire qui transcende le désir, qui ne le signifie pas sans nuances, celles apporté par l’Amour même qu’il porte en lui. Cet Amour qui n’a plus eu de sens dans l’existence par sa propre faute a fait naître sa condition d’éternelle errance. C’est pour ça que je le vois aussi comme une très belle représentation de l’Amour en tant que fil directeur de la vie, un Amour sans objet.


Bon, maintenant discutons. Le débat est ouvert. :D


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MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 7:57 pm 
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Dans le film de Coppola, le monstre prend quand même une petite partie de jambes en l'air avec la sex-symbol du film dans son jardin victorien.
Ce passage est rajouté pour le film ou juste légèrement transformé ? Parce que, en terme d'explicite, hum, disons que ce n'est pas chaste.

(A ce propos, certains ont-ils vu Della Morte Del Amore ?)

Sinon je ne me sens pas au niveau pour discuter sur une telle intervention avec toutes les implications que ça représente ( sur la santé mentale, ma crédibilité d'intellectuel fumeux pour ne rien dire de ma sexualité). Parler de Dracula comme d'une figure de l'amour, c'est à mon sens un peu comme de décrire Spider-man comme un avatar de la Justice...

8)

Alexandre

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MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 9:25 pm 
Gros Troll
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Gagas a écrit:
Dans le film de Coppola, le monstre prend quand même une petite partie de jambes en l'air avec la sex-symbol du film dans son jardin victorien.
Ce passage est rajouté pour le film ou juste légèrement transformé ? Parce que, en terme d'explicite, hum, disons que ce n'est pas chaste.
Alexandre


C'est la manière d'approcher les personnages que Coppola à décidé de mettre en oeuvre... C'est normal que toute la subtilité d'un bouquin ne se retrouve pas dans un film aussi bon soit-il et qu'il faille faire des choix.
Il insiste plus sur le transfert que fait Dracula et moins sur la metaphore qui d'ailleur n'est qu'un point de vue de lecture, riche en reflexion mais en aucun cas but explicite dans le livre!
Le coté chaste du livre provient aussi du fait que l'on n'a pas directement les scènes où l'érotisme abonde, mais indirectement par les récits des concernés... Mais au cinéma, à part dans le cinéma intellectuel difficile à digérer, je ne crois pas connaître beaucoup qui fassent dans le sous-entendu. :lol:
Même si la lecture d'une lettre peut être un moment d'une rare intensité, au ciné on préfère le flash-back. Héhé

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Dernière édition par Aëris le Jeu Nov 22, 2007 11:41 pm, édité 1 fois.

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MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 9:37 pm 
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Dellamorte Dellamore... Non, je ne connais pas.
Comédie? Horreur? Il parrait que c'est un bon film.

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MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 10:31 pm 
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Dans le désordre :
Della Morte... comédie, horreur ? les deux, définitivement. Et oui c'est un bon film.
Pour aller dans le sens des cinéastes, c'est vrai que je n'ai pas apprécié les films où j'ai vu des scènes de lecture de lettre (enfin ces scènes, je ne parle pas pour les films bien sûr qui peuvent être bien quand même).
Je suis d'accord qu'on ne peut pas rendre la narration dramatique à l'identique en film. Mais tu m'accorderas quand même que la scène du jardin est une pure scène de fornication, fusse-t-elle interrompue avant, hum disons, son paroxysme foudroyant..!
Citation:
Mais au cinéma, à part dans le cinéma intellectuel difficile à digérer, je ne crois pas cionnaitre beaucoup qui fassent dans le sous-entendu. Laughing:lol:???

tu l'as dis bouffi.

Alexandre

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MessagePosté: Jeu Nov 22, 2007 11:14 pm 
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Gagas a écrit:
Je suis d'accord qu'on ne peut pas rendre la narration dramatique à l'identique en film. Mais tu m'accorderas quand même que la scène du jardin est une pure scène de fornication, fusse-t-elle interrompue avant, hum disons, son paroxysme foudroyant..!

Alexandre


Oui, dans le livre c'est exprimé avec la délicatesse de l'indirect libre, pour le coup, là, la lettre. Et puis il y a les descriptions imprécises... l'ambiance générale. Mais la souffrance d'un amour jeune et encore vif, en état d'agonie, retient l'attention sur d'autres éléments. Les sentiments passionnels puis la psychologie des intervenants bercent la lecture.

Bref, dans le film c'est autrement vu et interprété...
L'étrange et le fantastique berce le spectateur. Un peu d'érotisme pour destabiliser un peu plus, pour représenter le changement dans lucy et le tour est joué.

AAAh, c'est sur cette scène où ton doigt se pose que j'ai ressenti le plus de regrets en regardant le film. :wink:


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MessagePosté: Ven Nov 23, 2007 12:37 am 
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Extraordinaire scène de film malgré tout.

Alexandre

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MessagePosté: Ven Nov 23, 2007 10:09 am 
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C'est sur, Coppola n'est pas du tout un mauvais realisateur et son Dracula est très beau mais on perd beaucoup du bouquin comme dans beaucoup d'adaptations.

Chez Bram Stoker, Dracula est un vampire qui transcende le désir, qui ne le signifie pas sans nuances, celles apporté par l’Amour même qu’il porte en lui. Cet Amour qui n’a plus eu de sens dans l’existence par sa propre faute a fait naître sa condition d’éternelle errance. C’est pour ça que je le vois aussi comme une très belle représentation de l’Amour en tant que fil directeur de la vie, un Amour sans objet.

Cette idée reprise d'un des thèmes principaux du sujet est un peu laissée de coté par ce film, et encore plus l'idée de symbolique des personnages. Coppola insiste beaucoup sur la dualité chez Dracula entre son manque de sentiments, sa cruauté et sa capacité à concentrer tout son amour sur l'image d'une personne (d'où l'idée d'Amour sans objet) au delà de toute raison. C'est un personnage qui n'est pas présenté sous les diverses facettes du que le livre lui accorde à travers la subjetivité des autres mais qui a une image préétablie.

C'est pas une dévalorisation du film que je fais. Coppola a une approche du roman, de toute façon on ne peut pas rendre le livre dans son integralité au moyen d'une caméra. Ce qu'il a choisit de rendre compte est bien fait, que ce soit la scène du cimetière ou autre chose. :wink:

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MessagePosté: Ven Nov 23, 2007 12:35 pm 
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Je le savais.
C'est exactement qu'est-ce que je disais.
C'est comme dans Spider-man de Sam Raimi. Les scènes d'action sont bien plus impressionantes que dans la bédé, mais toutes les petites vannes de Spider-man pour faire comprendre au méchant qu'il est surclassé dans tous les domaines (et donc qu'il n'a pas voix au chapitre) ne peuvent pas être rendues avec l'esprit qui fait du héros l'incarnation d'un idéal de droiture.

Alexandre

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