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 Sujet du message: Père fondateur de l'épouvante et du fantastique moderne
MessagePosté: Ven Mar 07, 2008 10:00 am 
Gros Troll
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Poète de l’indicible, homme solitaire et maladif aux amertumes acides, LOVECRAFT est, aux côtés d’Edgar POE, l’un des grands maîtres de la littérature fantastique, un génie des abysses dont l’oeuvre tentaculaire plonge au coeur de nos peurs les plus enfouies...

On ne peut pas dire que l’enfance de Howard Phillip LOVECRAFT fut une enfance heureuse.

Tout d’abord il n’a que trois ans lorsque son père est interné dans un hôpital psychiatrique où il décéde cinq ans plus tard. Sa mère est elle-même très malade, et c’est une de ses amies qui élève Howard, la poétesse Louise Imogen GUINEY.

Howard vit dans une demeure immense, propriété de son grand-père, au 454 Angell Street. La bâtisse compte notamment une grande bibliothèque riche en ouvrages anciens, récits d’horreurs, précis d’astronomie et contes fantastiques. Le jeune enfant solitaire y passe de longues heures de lecture.

PREMIERS POEMES

Howard P. LOVECRAFT écrit ses premiers poèmes à l’âge de 6 ans, et sa première nouvelle fantastique à 13 ans : "The Beast in the Cave", déjà du fantastique, sera publiée treize années plus tard.

Adolescent, il fonde un fanzine polycopié, The Rhode Island Journal of Astronomy et à 16 ans, il écrit des articles sur les phénomènes astronomiques dans le journal local.
De santé fragile, il arrête ses études avant l’université. Il s’inscrit dans une association de journalistes amateurs et échange une correspondance fournie avec plusieurs auteurs qui deviendront ses amis de plumes, notamment Clark Aston SMITH, Robert BLOCH et Robert E. HOWARD.

En 1921, il perd sa mère, Sarah Susan PHILIPS. Comme son époux, elle souffrait de troubles psychiques graves liés à la syphilis.

LOVECRAFT se rend à New York en 1923 et fréquente un temps le Kalem Club, un cercle d’amateur de fantastique. Il réussit à faire paraître un premier récit dans Weird Tales en octobre 1923 : « Dagon ». Il déteste New York mais il y rencontre Sonia Green, qu’il épouse en 24. Le mariage sera de courte durée : il quitte la ville l’année suivante.

De retour à Providence, la littérature ne lui assurant que de maigres revenus, il est contraint d’exercer divers plusieurs petits métiers pour vivre.

Il vit en reclus avec ses tantes - et à la fin de sa vie, une multitude de chats - dans la vieille demeure aux volets fermés. Il écrit la nuit.

Howard Phillips LOVECRAFT meurt d’un cancer de l’intestin, à Providence, là même où il était né quarante-six ans plus tôt.

APRES LOVECRAFT

Exceptées les parutions confidentielles dans le magazine " Weird Tales ", Lovecraft n’a jamais connu le succès. Une seule nouvelle fut publiée dans un livre de son vivant, et ce fut grâce à un admirateur.

C’est son ami DERLETH qui s’attachera, après sa mort, à le faire découvrir et fondera dans ce but la maison d’édition Arkham House. De nos jours encore, LOVECRAFT est plus connu en Europe que dans son pays d’origine - même si cela tend à se corriger avec le temps.

L’intérêt de l’oeuvre de LOVECRAFT réside en bonne partie dans la construction d’une mythologie extrêment détaillée dont découle toutes les mythologies terrestres : les loups-garous, les morts-vivants, les momies, les sorcières, les monstres marins, les maisons hantées, tout cela et biens d’autres horreurs sorties de l’imagination de LOVECRAFT s’intègre dans le vaste cadre du Mythe de Cthulhu.

Cette mythologie se résume ainsi :

* Les Anciens, des créatures malines et supérieures à l’Homme vivent cachées dans des dimensions parallèles, guettant le moment de reconquérir cette Terre qui fut la leur.

* Les Hommes n’en savent rien, à l’exception de quelques chercheurs qui finissent tôt ou tard par disparaître ou perdre la raison.

* Les Anciens ont des esclaves anamorphes, les Shoggoths, êtres amphibies répugnants et dangereux.

Les personnages qui chez LOVECRAFT découvrent cette terrible vérité réussissent malgrè tout - c’est leur seule victoire - à nous laisser par leurs récits un panorama assez complet du panthéon des Grands Anciens : Cthulhu lui-même, qui règne avec Dagon sur la cité sous-marine de R’lyeh, mais aussi Azathot, le dieu aveugle, Nyarlathotep, Yog Sothoth, Shub-Nigurath, etc, tous plus horribles les uns que les autres.

Le maudit "Nécronomicon" [le plus célèbre des livres inventés de toutes pièces par LOVECRAFT], qui est l’oeuvre de l’Arabe fou Abdul Alhazred contient les formules d’invocations de ces démons. Le British Museum de Londres reçoit régulièrement des lettres de lecteurs qui souhaiteraiet le consulter !

Cette mythologie foncièrement pessimiste présente donc la réalité comme une sorte de cauchemard vivant où les Hommes et leurs cités vivent en sursis, menacés à tout moment, depuis la nuit des temps, par des entités répugnantes, aussi cruelles que puissantes.

On ne s’étonnera donc pas que le Happy End soit inconnu chez LOVECRAFT : on va tous y passer, c’est comme ça, il faut s’y faire...

LES GRANDS TEXTES

Les fans de LOVECRAFT ont établis une liste des textes fondateurs du mythe :

* « L’appel de Cthulhu » [« The Call of Cthulhu », 1926]
* « La couleur tombée du ciel » [« The Colour out of Space », 1927]
* « L’Abomination de Dunwich » [« The Horror of Dunwich », 1928]
* « L’affaire Charles Dexter Ward » [« The Charles Dexter Ward Affair », 1928]
* « La maison maudite » [« The shunned house », 1928]
* « Celui qui chuchotait dans les ténèbres » [« The Whisperer in Darkness », 1930]
* « Les Montagnes hallucinées » [« At the Mountains of Madness », 1931]
* « La Maison de la sorcière » [« The Dreams in the Witch-House », 1932]
* « Le Cauchemar d’Innsmouth » [« The Shadow over Innsmouth », 1932]
* « Dans l’abîme du temps » [« The Shadow out of Time », 1934]
* « Je suis d’ailleurs » [« The Outsider », 1921]

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

PLUSIEURS RECUEILS AUX EDITIONS FOLIO/SF


- "La couleur tombée du ciel" [FOLIO/SF n°4, OCTOBRE 2001] RECUEIL DE QUATRE NOUVELLES :

* "La couleur tombée du ciel" [1927]
* "L’abomination de Dunwich" [1928]
* "Le cauchemar d’Innsmouth" [1932]
* "Celui qui chuchotait dans les ténèbres" [1930]

Quatre nouvelles de LOVECRAFT, devenues des classiques au sens où elles renferment l’essence de toute son oeuvre : l’horreur face à l’intrusion dans la vie courante de monstruosité incompréhensibles et cruelles. Une très bonne entrée en matière dans cet univers torturé.

- "Dans l’abîme du temps" [FOLIO/SF, DECEMBRE 2000] RECUEIL DE QUATRE NOUVELLES :

* "Dans l’abîme du temps" [1934]
* "La maison de la sorcière" [1932]
* "L’appel de Cthulhu" [1926]
* "Les montagnes hallucinées" [1932]

- "Par delà le mur du sommeil" [FOLIO/SF, SEPTEMBRE 2002] RECUEIL DE CINQ NOUVELLES :

* "Par-delà le mur du sommeil" [1919]
* "Les rats deans les murs" [1929]
* "Le monstre sur le seuil" [1936]
* "Celui qui hantait les ténèbres" [1936]
* "L’affaire Charles Dexter Ward" [1936]

- "Je suis d’ailleurs" [FOLIO/SF, DECEMBRE 2001]


UNE OEUVRE INDISPENSABLE AUX EDITIONS 10/18

"Démons et merveilles" [EDITIONS 10/18, SEPTEMBRE 1999]

Le Cycle des aventures incroyables de Randolph Carter en quatre nouvelles qui se suivent et forment ainsi le plus long texte de LOVECRAFT. Un grand classique, quasi incontournable :

* "Le Témoignage de Randolph Carter" [1919]
* "La clé d’argent" [1929]
* "A travers les portes de la clé d’argent" [1934]
* "A la recherche de Kadath" [1934]

Je conseille tout simplement à ceux qui veulent avoir un point de vue complet dans une trilogie de livre de qualité d'aller puiser chez Robert Laffont, section Bouquins
la collection "Lovecraft"... demandez à Charles pour plus de détails, il se fera un plaisir. :wink:

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MessagePosté: Mar Mar 11, 2008 3:09 pm 
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"Cthulhu lui-même, qui règne avec Dagon sur la cité sous-marine de R’lyeh"

Techniquement y dorment donc régner c'est un terme orienté venant d'un Fidéle Acolyte

..."Nyarlathotep, Yog Sothoth, Shub-Nigurath, etc,"

Tu n'a même pas cité celui-qui-ne-doit-pas-être-nommé

Et je rajoute qu'il n'y a pas que des dieux anciens et dormants qui menaçent la terre, l'espace et d'autres dimensions recélent bien d'autres horreurs tous aussi dangereuses.

Enfin dernière note pour dire que dans le magasin de Charles y'a des ré-éditions du jeu de role cthulhu et le nouveau Cthulhu Tech qui place le mythe de cthulhu dans le futur... (warning it's in english)
A bon entendeur....

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MessagePosté: Mar Mar 11, 2008 3:45 pm 
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Interstellar Fugitive a écrit:
..."Nyarlathotep, Yog Sothoth, Shub-Nigurath, etc,"

Tu n'a même pas cité celui-qui-ne-doit-pas-être-nommé


Normal... :lol:

Interstellar Fugitive a écrit:
Et je rajoute qu'il n'y a pas que des dieux anciens et dormants qui menaçent la terre, l'espace et d'autres dimensions recélent bien d'autres horreurs tous aussi dangereuses.


Peu de ces petites horreurs que tu me reproches d'avoir oublié sont réellements indépendantes des grandes entitées et puis, chez Lovecraft précisément, elles sont assez peu présentes. Je ne parle pas bien sûr du Jeu de Role qui en est né, ni des autres romans que Lovecraft à possé à paraitre...

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MessagePosté: Mar Mar 11, 2008 3:55 pm 
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Gagas a écrit:
Moi personnellement, je me suis toujours senti aux portes de la déception avec lui, dans le sens où toutes les nouvelles que j'ai lu m'ont fait l'effet d'être les mêmes, avec pour point d'orgue que la fin sera toujours identique.
En fait je me demande où Lovecraft réinjecte cet esprit baroque et cette poésie gothique dont visiblement (pour moi) il s'inspire si fortement. Qu'apporte-t-il à l'art, en gros ? Je sais que certains club se sont formés après sa mort pour révérer son oeuvre, voire pour faire vivre d'une façon ou d'une autre le mythe de Cthulhu (!?!) ou mythe de Lovecraft; mais ceci semble bel et bien oublié aujourd'hui. Il n'y aura pas eu de culte de Lovecraft avec une mythologie des grands anciens parmi les jeunes universitaires en mal de sensation.
Il est vrai que révéré, il l'est. Et aussi qu'il n'a pas du vivre très heureux, en n'aimant personne (?). Mais il a pas été un nouveau prophète.
Je n'ai lu qu'un seul roman de lui, qui m'avait fait bien meilleure impression par contre.

Alexandre


Et bien, tu parles beaucoup pour une personne qui a bien peu lu Lovecraft, mon cher Alexandre.

Voici donc une tartine pour répondre, en plus de celle que UR a déjà écrite!

Lovecraft est déjà un homme qui a su renouveller l'écriture dans le domaine du fantastique, et dans la poésie fantastique.
L'idée fondamentale de son œuvre est liée au Temps. Pour lui, même l'imagination humaine a ses limites comme nos sens et les choses. Aussi, plus le champ de nos connaissances augmente et plus notre imagination doit croître avec elles de sorte que l'homme finit par être glacé par « le silence éternel de ces espaces infinis » comme l'était déjà Pascal avant lui. Dans cet infini de l'espace et du temps, ce dernier finit par se dévorer lui-même comme le serpent se mordant la queue. Ce voyage mental dans cet espace n'est cependant pas quantifiable par les mathématiciens puisqu'il s'agit de l'angoisse humaine. Ainsi Lovecraft est-il dévoré par l'angoisse du Temps, c'est ce qui ressort le plus de son œuvre et qu'il a traduit dans le domaine littéraire par le biais du fantastique, ou plus exactement du réalisme fantastique. Cette branche de la littérature constituait comme il le dit lui-même : « le seul véritable réalisme, la seule prise de position de l'homme vis-à-vis de l'univers ».

Ainsi, les romans de Lovecraft présentent le monde comme un univers hanté par des forces anciennes et bannies, attendant l'heure de leur retour, dont l'archétype est le Léviathan. Les monstres les plus récurrents sont Cthulhu, Yog-Sothoth, Azathoth ou Nyarlathotep. Le Necronomicon, ouvrage supposément écrit par l'Arabe dément Abdul al-Hazred, est aussi un « personnage » important. L'Appel de Cthulhu, publié en 1926, est la pièce angulaire de cet univers. Il n'est guère difficile de percevoir sous les noms de ses monstres des réminiscences de créations beaucoup plus anciennes telles Gog et Magog ou Astaroth, thèmes sur lesquels l'auteur a pu greffer ses étranges fantaisies...

On discerne des thèmes rémanents dans son œuvre, tels que la folie - dont étaient touchés ses parents, la futilité des croyances, la dégénérescence, les unions contre nature, la xénophobie, l'impression générale que le monde dans lequel il vivait n'était qu'un leurre désagréable et immonde. Hanté par de nombreuses phobies, il ne pouvait supporter la proximité de la mer, ni même les objets en provenant, tant était grande son aversion pour l'élément primordial de la vie. Le froid le rendait malade et les seuls êtres vivants qui semblent ne pas lui avoir déplu étaient les chats, il en avait toujours plusieurs chez lui pour seule compagnie. Il avouait souvent qu'il aurait préféré vivre au XVIIIe siècle.
La correspondance personnelle de Lovecraft indique qu'il avait des opinions racistes. Il a par exemple déclaré « Le Nègre est fondamentalement l'inférieur biologique de tous les Blancs et même des races mongoliennes ». Dans The Horror at Red Hook et The Street, il décrit les immigrants de son époque comme décadents et potentiellement dangereux. Certaines nouvelles telles que The Shadow over Innsmouth et Facts Concerning the Late Arthur Jermyn and His Family avertissent des dangers du métissage. D'autres encore, comme Herbert West : Reanimator contiennent des descriptions racistes des groupes ethniques de couleur et de la population immigrante. Sa femme, Sonia, était juive et d'origine ukrainienne, et a indiqué qu'elle avait dû régulièrement rappeler à son mari ses origines à l'occasion de certains propos antisémites tenus par lui.

Le racisme avoué que l'on trouvait dans ses premiers écrits a pratiquement disparu à la fin de sa carrière. Ces derniers, très traditionalistes à ses débuts, révèlent, vers la fin de sa vie, un changement graduel dans ses opinions politiques. Lovecraft se tourna vers des valeurs socialistes et admis plus tard avoir pris « pour argent comptant les illusions et les préjugés traditionnels du milieu » dans une correspondance de 1937. Il a désavoué The Street qui était une nouvelle ouvertement xénophobe. Par bien des aspects, The Case of Charles Dexter Ward paraît être une version retravaillée de The Horror at Red Hook, dépourvue de son abondante xénophobie.

Certains, comme Michel Houellebecq, qui a consacré un essai à l'auteur, considèrent que le racisme et la xénophobie de Lovecraft sont un élément fondamental de sa littérature et de sa personnalité, qui furent renforcés par son séjour à New York et que le désaveu de certains de ses textes a été effectué par convenance sociale. D'autres mettent en avant le fait que Lovecraft avait reçu une éducation en adéquation avec les valeurs de la société puritaine dont il était issu, racisme par la suite amplifié par son mode de vie isolé, et que son séjour à New York a au contraire amorcé un revirement sincère. Cette question est encore aujourd’hui soumise à polémique.

Un résumé complet de ses opinions sur les « races » et les cultures se trouve dans ses Selected Letters IV, publiées par Arkham House (lettre 648 à J. Vernon Shea, datée du 25 septembre 1933).
Pour finir cette réponse un peu chiante à écrire et pour l’anecdote, à la toute fin de sa vie, une amie à lui, qui partageait ses vues, lui fit part, lors de son voyage en Allemagne, de sa désillusion et de son horreur, devant l’horreur des persécutions et l’ampleur du système de répression mis en place par HIMMLER. LOVECRAFT mourra donc dans les tourments de la désillusion, en 1937.

Il mourut ainsi avant la conclusion du pacte Germano-soviétique, conclu en 1939. Quelle aurait été son attitude, s’il avait vécu, face au pacte et pendant la guerre ? On ne le saura jamais... mais Roland C. WAGNER a tenté une réponse qui vaut le détour avec l’excellent "H. P. L."

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MessagePosté: Mar Mar 11, 2008 5:02 pm 
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Ah ah , oui. Bein j'ai quand même mon avis sur la question.
Donc pour moi s'il y a quelque chose à en tirer, c'est qu'il ne faudrait garder que les ouvrages ayant été écrit après la prise de conscience de HPL de la malheureuse idéologie qui fût la sienne pendant un moment.

Alexandre

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MessagePosté: Mer Mar 12, 2008 8:43 am 
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Aëris a écrit:
Peu de ces petites horreurs que tu me reproches d'avoir oublié sont réellements indépendantes des grandes entitées et puis, chez Lovecraft précisément, elles sont assez peu présentes. Je ne parle pas bien sûr du Jeu de Role qui en est né, ni des autres romans que Lovecraft à possé à paraitre...


:D Je ne faisais que faire poil à gratter et ne parlais que des trucs dont tu pouvais avoir parler!

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MessagePosté: Mer Mar 12, 2008 4:01 pm 
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Malgré son idéologie décadente, lovecraft est un génie et c'est bien triste que de faire l'aveugle et nier ses écrits. On a tous des préjugés et surtout, si la morale ne fait pas tourner au ridicule un écrit, il est bon d'avoir l'esprit ouvert. C'est très enrichissant. Lui-même fait preuve d'une grande ouverture d'esprit, et il mourra plein de remords tortueux et morbides.

Enfin, moi, ce que j'en dis. Il y a tant à découvrir ailleurs de toute façon.

Chez les fans de lovecraft par contre, je reste sceptique et assez deçu, il faut le dire. :lol:

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MessagePosté: Ven Mar 14, 2008 9:00 am 
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:?: :?: :?: :?: :?: :? :? :? :? :? :?
One question: WHY this sentence????

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MessagePosté: Ven Mar 14, 2008 11:49 am 
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Interstellar Fugitive a écrit:
One question: WHY this sentence????


Tu réagis au quart de tour en ne lisant que brièvement ou t'as réellement pas compris que je parlais à Alexandre...
Et puis avec ce généreux post, je crois avoir fait le plein de bonbons jaunes pour le restant du topic!

Hahaha

Pour ne pas (trop) écrire dans le vide, ou flooder mais je n'aime pas ce mot trop éloigné de son sens d'origine, je rajoute que Lovecraft permet de travailler sur sa peur, et d'un point de vue très psychologique, c'est très enrichissant.
j'aime bien Lovecraft, le solitaire de Providence, il nous renvoie toutes nos peurs, et notamment celle de l'autre. Je pense que ces peurs sont enfouies au plus profond de chacun d'entre nous. Le génie de Lovecraft c'est de leur donner vie. Lire Lovecraft c'est aussi comme une catharsis, dommage que l'auteur pour nous aider à affronter nos peurs se soit condamné à être submergé par les siennes.


Pour résumer mon point de vue :

On peut lire chez Lovecraft, que l’homme n’est pratiquement rien. Les sociétés humaines sont en véritable sursis, menacés par des créatures partiellement concevables par l'intelligence limitée des hommes. La vision que transmet Lovecraft est nihiliste, désespérée et les conclusions de ses nouvelles en attestent. Dans ses écrits, l'homme est souvent condamné à mourir ou pire, devenir fou, étouffé par la dose d'horreur inspirée par la découverte d'une fraction des réalités qui le dépassent.

Lovecraft se revendiquait matérialiste et athée. Très jeune, il se découvrait une passion pour la science à travers l'astronomie. Il s'agissait de quelqu'un d'extrêmement rationaliste qui ne connaissait le monde qu'à travers les livres. Pourtant sa raison n'était pas du tout liée à l'idée de progrès. A le lire, l'homme est un animal inférieur dont la raison, qui constitue sa seule arme (chez HPL, les narrateurs sont souvent professeurs d'universités, avocats, etc.), s'avère insuffisante pour prendre la mesure de la réalité.

Le bestiaire décrit dans son oeuvre est notamment constitué des Grands Anciens, qui sont des créatures supérieures à l'homme et aussi aveugles à son sort que nous le sommes de celui d'une bactérie. On trouve dans ses nouvelles une réfutation des religions et croyances populaires : des tribus vénèrent les Grands Anciens à travers des rites que l'on imaginait voués à des esprits de la nature. La sorcellerie y est réinterprétée comme une soumission volontaire de certains hommes aux Grands Anciens. Pour finir, Lovecraft ridiculise la religion chrétienne en associant le bouc à un Grand Ancien. Le tragique chez lui, c'est l'absence du Bien et du Mal et la position du narrateur, inéluctablement broyé dans une indifférence complète.

Le préfacier des oeuvres de Lovecraft pour la collection "Bouquins" (ce cher Bernard Lacassin) a établi un parallèle très intéressant entre cette vision tragique propre à Lovecraft et "le silence des espaces infinis" de Blaise Pascal, auteur qui abordait justement les questions du rationalisme cartésien et de l'athéisme.

Le style de Lovecraft est effectivement scolaire, plat. Pourtant, cette tare apparente me semble constituer une de ses forces. Je crois que le style de Lovecraft est lapidaire mais puissant car obsessionnel. Son vocabulaire est assez pauvre mais il correspond très bien au malaise qu'il veut instiller : in fine, le langage est impuissant. L'expression "indicible" revient d'ailleurs fréquemment chez lui. D'autre part, la matière est omniprésente, que ce soient des substances visqueuses ou de la matière inerte, comme s'il n'y avait que celà (ne cherchez pas de portrait psychologique chez HPL).

Nous en arrivons au côté politiquement incorrect de Lovecraft, à savoir son racisme viscéral. Réactionnaire, l'auteur frappé par l'idée de la dégénérescence des sociétés (cf. son article sur la Rome antique dont il attribue la chute à des croisements entre les latins et des races moins vigoureuses) trouve dans ce thème une inspiration très puissante. Vous pouvez vous référer aux nouvelles "Le cauchemar d'Innsmouth" ou à "L'appel de Cthulhu" pour constater par vous-même son horreur panique des allogènes et métisses. Si ce fait rebute parfois, il me semble pourtant impossible d'essayer de comprendre Lovecraft sans analyser son racisme.
Son racisme est né de sa peur et sa peur crée son oeuvre. De toute façon, la peur ne peut que créer les stéréotypes et ce besoin d'assurance et de stabilité mène bien naturellement au racsisme. C'est interessant de s'ouvrir l'esprit en faisant de l'objet tabou qu'est l'étude du comportement rasciste, un point d'accroche pour son développement.

Il existe une théorie selon laquelle ses orientations politiques ont connu un virage avant sa mort. Virage ou pas, il y a eut une très fote destabilisation de l'auteur par son amie désillusionnée, mais je vous en ai déja parlé. Il faut dire que la nouvelle "The shadow out of time" (1935), qui est aussi la dernière rattachée au Mythe de Cthulhu, présente une vision moins nihiliste que le reste du Mythe. Je vous invite d'ailleurs à la lire car c'est l'une de ses meilleures, si ce n'est la meilleure.

Quoiqu'il en soit, j'espère vous avoir incité à aborder son oeuvre bizarre car si son bestiaire est original et le monde qu'il a créé cohérent, le plus fascinant reste sa vision, une vraie vision d'écrivain. Ce n'est probablement pas un hasard si Houellebecq, qui a le mérite d'avoir une vision authentique et pourtant quelque peu familière de celle de HPL, a écrit un livre en son hommage. Hein, gagas!

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MessagePosté: Ven Mar 14, 2008 11:45 pm 
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Je déteste Houellebecq !

Alexandre

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MessagePosté: Mar Mar 18, 2008 11:55 am 
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ah!, bon ben tant pis.

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MessagePosté: Ven Mar 21, 2008 12:48 pm 
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"Son racisme est né de sa peur et sa peur crée son oeuvre."

Et oui le racisme utile ça existe :shock: :shock: :shock: :shock:

(je sais c'est très limite ce que je viens d'écrire mais c'est mon cerveau qu'à eu l'idée)

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MessagePosté: Ven Mar 21, 2008 9:32 pm 
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oui, quand on laisse parler ses peurs par écrit et au fond de soi (et non pas sur les gens), au lieu de s'en cacher, ça donne parfois des choses très belles.

La peur, comme toutes émotions fortements encrées en soi, c'est avant tout une dynamique interne, et la création née du mouvement, n'est-ce pas? :D

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MessagePosté: Sam Mar 22, 2008 9:21 pm 
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"encrées" très beau jeu de mot d'auteur!!!
Et puis la création peut surtout naitre du chaos, le mouvement ne résultant que de l'énergie venant du chaos

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 Sujet du message: Re: Père fondateur de l'épouvante et du fantastique moderne
MessagePosté: Mer Mar 03, 2010 10:00 am 
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Ressuscitons les morts...
...Enfin les sujets morts!

J'ai lu "Le cycle de Shub Nigurath" chez Nocturnes.

Recueil thématique centré sur le grand ancien sus-nommé.
Niveau inégal d'écriture mais un certain nombre de nouvelles retiennent l'attention:

"La chèvre démoniaque" de M.P. Dare et son équipe de pillard archéologue froussard tombant au beau milieu d'un rituel satanique!

"La chèvre de Glaramara" de J.S. Leatherbarrow, son écriture ironique et sa chèvre à clochette mystique!

"Le cristal lunaire" de Ramsey Campbell ou comment vous coupez l'envie de voyager dans les coin les plus reculés de la campagne!

"Les mille chevreaux" de Robert M. Price ou l'art de vous expliquez ce qu'est la dépravation cthulhuienne... Nouvelle non recommandé au mineur...

"La semence du dieu-étoile" de Richard L Tierney ou l'investigation anti grand Ancien sous la Grèce antique!

"Grossie" de David Kaufman ou l'art du récit d'ambiance façon Blairwitch...

_________________
Mathieu F. says: No Love, No Hope, No Dream, Our Only Way Of Escape Is Underground, Underground Resistance


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