Aujourd'hui, petite critique SF.

Pour reprendre brièvement le quatrième de couverture: David Brin est né en 1950, écrit depuis 1980, et a exercé (exerce?) la profession d'astrophysicien.

Je parlerai ici du cyle d'élévation. Donc d'abord petite précision pour ceux qui seraient effrayés par le fait que l'auteur soit un scientifique: pas de jargon technique ou de notions complexes dans ces bouquins (après, à vous de voir si c'est un bien).

Le cycle d'élévation se compose de 3 tomes: Jusqu'au coeur du soleil (1980), Marée stellaire (1983),et Elévation (1987). Qu'est-ce qui en fait la particularité? Eh bien c'est de reprendre le postulat créationniste (a priori antiscientifique), et de nous le présenter comme la base d'un système cohérent. Ne pas se méprendre, toutefois: les livres ne sont pas prosélytes, ni même religieux.

Donc le background est simple: dans un futur proche, peu après que l'Homme ait cessé de s'entre-tuer, de massacrer les animaux et de polluer sa planète, un gouvernement totalitaire mondial s'est mis en place et l'être humain a commencé d'élever à la conscience par le biais de manipulations génétiques d'autres races, comme les chimpanzés et les dauphins.
C'est à ce moment qu'un vaisseau d'exploration revient avec une nouvelle incroyable: non seulement les êtres humains ne sont pas seuls dans l'univers, mais il existe une société galactique organisée. Celle-ci repose sur le postulat que chaque race a été élevée à la conscience par une race patronne plus ancienne. Le statut social des races dépends donc du nombre de races qu'elle a élevé à la conscience. Les races clientes devant servir leurs patrons pendant quelques milliers d'années avant de pouvoir elles-même acquérir leur indépendance, sans pour autant être jamais affranchies de la tutelle de leurs maîtres.
Les humains se trouvent donc sauvés par leurs expériences d'élévation et par le fait qu'ils ont pu dissimuler les preuves de destruction de leur planète et de génocide sur les autres espèces terrestres (un crime des plus graves pour les galactiques).
Ils ne sont toutefois pas acceptés, car seuls parmi toutes les races de l'univers ils ne bénéficient pas de la protection d'un puissant patron, et de nombreuses races cherchent à les asservir afin d'accroître leur propre statut, ou à les détruire pour protéger l'ordre de la société galactique.

Le premier tome se passe quelques dizaines d'années avant les 2 autres. L'intrigue tourne autour de mystérieuses formes de vie qui habiteraient le Soleil et des premières tentatives de communication avec elles: s'agit-il des mystérieux patrons des humains?
Les thèmes abordés sont la démarcation entre sécurité, eugénisme et privation de liberté, ainsi qu'une assez belle manipulation en milieu clos. On montre aussi la position précaire des terriens au milieu d'une société galactique qui les rejette comme les humains rejettent certains de leurs citoyens.

Le second tome tourne autour de la découverte par un vaisseau de dauphins d'un cimetière de vaisseaux. Ceux-ci auraient appartenu aux primogéniteurs, espèce mythique réputée comme la seule à avoir accédé d'elle-même à la conscience et connue pour avoir jeté les bases de la société galactique.
Il s'agit d'une opportunité précieuse pour les peuples de la terre, mais parviendront-ils à échapper à leurs poursuivants, alors que toutes les races de la galaxie se disputent le privilège de la découverte?
Les thèmes abordés sont la coéxistence en milieu clos, les conflits et les luttes de pouvoir qui s'ensuivent en période de stress, le rapport à l'altérité et la capacité des scientifiques de plier le vivant et les règles sociales pour faire avancer leurs recherches. On aborde aussi les monstruosités dont peut se rendre coupable la société galactique, et les limites de son système d'ordre.

Le troisième tome relate l'invasion d'un monde peuplé d'humains et de chimpanzés par une race hostile aux peuples de la terre et la résistance qui s'ensuit. Il se conclue sur une meilleure intégration des humains à la société galactique et l'élévation d'une nouvelle race terrestre... mais pas par les humains!
On trouve dans ce tome à la fois un nouvel exposé des vissicitudes de la société galactique (qui est au fond le système du plus fort, où les puissants peuvent exterminer d'autres races, tandis que les faibles ne peuvent même pas compter sur l'aide de leurs voisins quand ils font face à une invasion), et une relation de ses points positifs: sa capacité à s'adapter aux évènements les plus inattendus, le poids des races neutres et de la diplomatie, la capacité de pardonner .

Mon avis:
Sans être spécialement intellectuel ou engagé, ce cycle aborde des thèmes sociaux et scientifiques variés et intéressants. Il pose également une question pertinente, même si antique (cf. Ancien Testament): le don de l'intelligence est-il une bénédiction ou une calamité?

C'est tout de même un poil dérangeant ce postulat religieux, l'argument du non prosélytisme ne tient pas pour moi, quiconque lit ce bouquin peut être amené à se posé la question de savoir si l'homme n'est pas apparu par génération spontané. Et ce doute là est néfaste car c'est précisément là que s'insinue les mouvements sectaires et de philosophies peu rationalistes.
L'année j'avais chargé un bouquin de Tanith Lee car il débordé de machisme, là aussi c'était pas prosélyte, mais je le répète lire un bouquin c'est long et donc la perméabilité du cerveau ça existe. Moi je pourrais pas lire un bouquin comme ça j'aurais trop peur.

Sinon ça devait être marrant de suivre les aventures d'un vaisseau d'explorateur dauphin...

le don de l'intelligence est un bienfait jusqu'à ce qu'on prenne conscience du mal qu'on fait autour de soi (ça c'est de la pur phrase de dépressif).

Honnêtement, je ne pense pas que l'on se pose ce genre de question à la lecture du livre. Même si, en lecteur avoué de The God Delusion, je suis peut-être moins influençable que d'autres.
Toutefois, ce livre pose comme postulat de base la société galactique que j'ai détaillé plus haut. Par conséquent, celle-ci n'existant pas ou étant tout du moins indémontrable, l'argument anti-darwiniste ne tient pas. Je ne crois d'ailleurs pas, ayant opéré une lecture attentive du bouquin, qu'il ait vocation à être transposé dans notre réalité.

Personnellement, j'ai au contraire beaucoup apprécié ce postulat, qui demande non seulement un certain courage pour être défendu vu les points de vue tranchés, voire manichéens sur la question, mais aussi une intelligence particulière pour le rendre crédible.
Ah, et puis c'est original, aussi. ça change de la SF d'empire galactique héritée de Fondation, ou du space-opéra bourrin à la Star-Wars.

Le vrai défaut que je ferais à ce cycle, c'est de nous avoir balancé une relation à la Delenn/Sheridan dans le 3ème tome...

Ma culture ne me permet pas d'apprécier la justesse du propos...

Référence à Babylon 5, excellente série de science-fiction, mais présentant quand même quelques points agaçants.

Dans ce cas précis, il s'agit d'une relation amoureuse humain/extraterrestre (avec transformation partielle de l'extraterrestre pour pouvoir faire des parties de jambes en l'air, quand même).