Bon, disposant de davantage de présence sur Lyon, j'ai profité d'un squat à Trollune pour acheter les deux premiers volumes du Cycle des Immortels de Wolfgang Hohlbein (quatre volumes traduits chez l'Atalante, dans un format un peu plus petit que les livres habituels, et un cinquième prévu pour Avril, me semble-t-il).

Wolfgang Hohlbein est un phénomène de l'édition dans son pays d'origine, l'Allemagne, puisqu'il a publié environ deux cents romans de fantasy, dont seule une partie infime ont été traduits en français. Le cycle se présente comme de la dark fantasy vaguement historicisante, puisque se passant dans le monde réel (au quinzième siècle dans les Balkans).

Pour le moment, l'univers ne m'a pas semblé spécialement crédible, surtout dans l'enchaînement un peu artificiel de certaines situations. L'élément le plus agréable, en tant que lecteur, est de voir à quel point le personnage principal est un crétin congénital. Paysan inculte issu d'un petit village de Transylvanie, il a dû fuir son lieu de naissance à l'adolescence, ayant servi de bouc émissaire suite au casse d'une église (par d'autres que lui). Elevé par un père adoptif qui décide d'en faire un monstre de combat, il passe vingt ans à apprendre le métier des armes. Il en profite, au passage, pour tomber amoureux d'une jeune femme, lui faire un gosse qu'il abandonne à la naissance. Sa femme meurt en couches. Son père adoptif meurt dans un attentat. Sa mère aussi. Il est triste. (Ca peut ressembler à du spoil, mais on apprend tout ça dans les dix premières pages du roman.)

Bilan des opérations, notre héros est une machine à tuer n'ayant pas fréquenté plus d'une demi-douzaine d'êtres humains depuis qu'il s'est reclus au fond des bois. Il n'a cependant jamais versé le sang d'un être humain. Quand le bouquin commence, il a décidé de rejoindre son village natal, pour renouer avec son fils abandonné quinze ans plus tôt. Manque de pot, quand il débarque au bled, tout le monde est mort, sauf un étrange garçon qu'il prend sous son aile. Il n'aura de cesse de venger les siens.

Notre héros est doté d'un sens de l'humour douteux, il a du mal à comprendre les situations les plus simples et quand une femme lui parle, il rougit, bégaie, ne sait plus ou se mettre. Par contre, comme machine à tuer, il se pose là.

Les immortels, au passage, ceux dont il est question dans le titre du cycle, sont des soudards qui traversent les siècles en se pourfendant à grands coups d'épée, à la Highlander, avec des thématiques vampiriques en plus.

Pour le moment, la lecture, sans m'enthousiasmer, m'a fait passer un bon moment tant le personnage principal est un gros benêt. Les personnages secondaires ont une fâcheuse tendance à quitter l'intrigue sans avoir fait grand chose. Cela donne au récit un côté un peu chaotique qui n'est pas pour me déplaire. Je lirai la suite, ne serait-ce que pour voir si les choses vont s'améliorer, ou si le protagoniste en chef se complaira dans son ineptie consommée.

Moi j'avais d'abord lu l'adaptation BD (sortie en France avant la traduction du roman, si je ne m'abuse), puis par hasard je me suis procuré le tome 1 en italien il y a de cela 2 ans. Le livre ne m'avait pas fait une grande impression à l'époque, au point que je n'en ai gardé aucun souvenir si ce n'est la scène (de la BD justement) où le personnage principal trouve le gamin, seul survivant du village dévasté.

Le tome 2, que j'avais acheté en français, m'a paru relativement plus consistant, même s'il est clair qu'il ne s'agit pas d'un chef d'œuvre: il nous présente un méchant haut en couleur, qui en plus gagne à la fin (enfin, façon de parler)! La liaison entre l'univers de l'auteur, le mythe de Dracula et le mythe du vampire est assez bien faite.

Pareil le Tome 1 m'a pas passionné.
Heureusement ça se lit en une journée.

De un: comme Paraph j'ai trouvé l'enchainement des scènes sans suspens et plat. Genre le comte surgit alors qu'on vole ses coffres et 25 gardes entourent le perso qui ne se bat pas et finit dans un cachot.
De deux: je conteste le coté machine à tuer du héros, justement l'idée marrante c'est qu'il a des scrupules à tuer en étant pas sur la défensive ou hésite à se venger quand il le peut alors qu'il le veut.
De trois: la relation entre Andrej et Frederic est super lourde. Y réagit comme un gamin de 8 ans alors qu'il en a 14 (je crois) mais on est au 15° siècles, à 14 ans on est pas le même genre d'ado que maintenant. Y pense qu'à tuer et super borné. Moi je l'aurais lâché dès l'entrée de Constanta. En plus y revient d'on ne sais où à chaque qu'on pense être tranquille. Ce perso m'a gâché le plaisir de lire parce que il revient toujours au même type de dialogue sans qu'on avance dans une trame scénaristique. Donc lourd, très lourd.
De quatre: J'ai pas trouver ça super bien écrit et parfois pour décrire un truc simple, l'auteur prend un paragraphe de 5 lignes...
De cinq: L'idée du vampire highlander c'est l'idée de trop. Highlander m'a jamais passionné (pour ne pas dire autre chose). J'ai trouvé que ça donner un faux suspens quand le perso apprenait son pouvoir.

Bref je déconseille peut-être la suite est mieux d'après Cyril moi je pourrais pas vous le dire.
A+

Enfin "mieux" tout est relatif; ce n'est pas non plus le livre du siècle. C'est juste que le second présente au moins quelques raisons valables de le finir.

C'est intéressant d'avoir d'autres avis sur les bouquins. Comme je suis un peu maso sur les bords, en tout cas en littérature, j'ai lu le second roman du cycle, qui s'intitule Le Vampyre. Notre héros s'y montre toujours aussi obtus, et fait tous les mauvais choix aux moments les plus inopportuns. Il s'infiltre à bord d'une galère pleine d'esclaves, dans l'intention de les libérer, mais son plan cafouille et il voit brûler navire et cargaison. Véritable machine à tuer (ça n'est pas moi qui le dis, c'est l'avis du personnage), l'épée à la main, il se fait immobiliser par une prise de catch et assommer par le coup-de-boule d'un adversaire désarmé.

Comme le souligne IF, l'élément le plus crispant de cet ensemble de romans est bel et bien le jeune adolescent accompagnant le héros: psychopathe assoiffé de sang, il ne comprend que la force, alors même que Andrej (le protagoniste en chef) est, quant à lui, animé d'idéaux humanistes. Au point qu'au lieu de se venger, il laisse la vie, plusieurs fois d'affilée, à ses ennemis, alors même qu'il avait juré ses vingt dieux qu'il leur ferait la peau à la première occasion.

Autre faiblesse du roman, la platitude des dialogues, tous les personnages s'exprimant de la même façon, et faisant preuve de la même ironie lourdingue. Sans aller jusqu'à parler d'anachronisme, notons que, n'étaient les vagues colorations historicisantes, ce roman pourrait se passer dans n'importe quel univers imaginaire de fantasy de gare, et mettre en scène des personnages issus du monde occidental contemporain.

Personnellement, la ressemblance avec le principe de base de Highlander est plutôt pour me plaire (et c'était une des possibilités qui m'ont fait acheter le premier volume du cycle, quand j'en ai vu le titre). Malheureusement, celui-ci se voit mâtiner de vampirisme, thématique qui m'est un peu passée avec mes quinze ans, mais bon, il en faut pour tous les goûts...

Ce second tome est effectivement un peu meilleur que le premier. Le troisième sera sans doute aussi mauvais que les deux premiers, mais je persiste dans mon idée de m'avaler la totalité du cycle. Je vous en dirai davantage quand je me serai enfilé les trois cents pages du suivant...