Parce qu'une fois n'est pas coutume, et surtout parce que !
Ce roman n'est pas un classique de la bibliothèque du geek ou du rôliste (quand c'est que Mozilla cessera de me le souligner en rouge celui-là ?) je pense, mais dans la catégorie, comment faire naître le fantastique du quotidien pathétique, il a sa place.
Le roman est écrit en cinq chapitres. Ce découpage est à l'image du roman : au début insupportable il devient vite un complice de la scénette qui se déroule sous nos yeux (les yeux de l'imagination hein). Malgré l'ampleur inégalée par son mélange de réalisme et de beyond the limits, le tout reste une scénette. L'histoire est celle d'un anglais anonyme prof d'anglais langue étrangère, un raté de seconde zone conscient de son échec et qui vit avec sa médiocrité dans un monde qui est sans doute pire que lui. Il a un fils, est divorcé etc, je n'en raconte pas trop. Sa vie va changer avec la décision de participer à un jeu de télé-réalité extrême (et là on voit déjà qu'on n'est plus tout à fait dans le monde réel qu'on connait) dont le concept propose aux candidats de mettre leur vie en jeu lors de survie dans la jungle. Le goût de fiel est souligné par le fait que le producteur est un "ami" du "héros" qui lui "suggère" de refaire ainsi sa vie. L'éloignement géographique va être le prétexte a un décalage de la vie de Brian Marley (l'anglais anonyme) vers un voyage inattendu, dont je n'en dirai pas plus. Sachez seulement qu'il va être l'occasion d'une redécouverte de l'Angleterre et de nos pays occidentaux par le biais de réflexions bien senties. Ce qui a commencé dans le sordide devient drôle et on finit (pour un peu qu'on accepte le récit proposé) par trouver irrésistible le portrait qui nous est dressé de nos sociétés. Le pauvre anglais perdu dans la jungle remet en cause beaucoup de ses idées sur le pays et sur sa vie et par un ensemble de rencontres inattendues va se reconstruire une identité.
Toute cette belle construction va être à peu près réduite à néant lors de son retour au pays (au terme d'épreuves plus ou moins piquantes) et il va par contre entraîner dans son sillage le monde entier qui va à son tour basculer sur les rives de sa propre ineptie mentale. Là où on aurait du avoir, rien ne sera plus comme avant pour Brian Marley dans un monde inchangé, on obtient un monde complètement bouleversé par ce que Marley ramène avec lui alors que le-dit Brian reste désespérément le même.
A la fin, quand on ferme le bouquin, le monde est toujours aussi pourri mais James Hawes nous a probablement permis d'aller assez loin dans une torture mentale et personnelle, sadique sans doute, de l'image que l'on s'en fait dans un petit coin de notre imaginaire. Suis-je un critique littéraire raté qui se contente du jeu de rôle ? Maman !

Alexandre

Gagas, je ne répondrai pas à la question que tu poses en fin de post , mais vais m'acheter le bouquin : ta critique donne vraiment envie de le lire.
Merci !

David