Bon, je dresse la liste de mes lectures du mois dernier et de ce début de mois; je ferais mes critiques au fur et à mesure quand je trouverai le temps.
Note: J'ai pillé sans pitié la Baen Free Library, que je ne saurais trop recommander (ne serait-ce que parce qu'on y trouve quelques pamphlets d'Eric Flint, beaucoup de bouquins de David Weber, que c'est gratuit, et que c'est légal).

Livres "papier":
Dead Witch Walking, Kim Harrison
Nagash le sorcier, Mike Lee
Les racines de l'oubli, Christian Léourier
La faux des cieux, Ursula Le Guin
The Forever War, Joe Haldeman
Matter, I.M. Banks
The Painted Man, Peter V. Brett
Furies of Calderon, Jim Butcher

Free Library (dont un certain nombre qu'il va falloir que je commande à Charles):
Mother of Demons, Eric Flint
Star Soldiers, Andre Norton
Med Ship, Murray Leinster
Apocalypse Troll, Weber
Oath of Swords, Weber
War God's Own, Weber
Changer of Worlds, Weber & Flint
Crown of Slaves, Weber & Flint
Shadows of Saganami, Weber
Crusade, Weber & Steve White
The Excalibur Alternative, Weber

Oath of Swords, Weber
War God's Own, Weber

Ces deux romans forment un diptyque assez inhabituel. Pourquoi? Parce qu'il s'agit de romans de Weber. Vous savez, l'auteur d'Honor Harrington, spécialisé dans la SF. Et parce qu'il s'agit de fantasy.

Et pas n'importe quel type de fantasy: le type qui me hérisse normalement dès la première page, avec les elfes, les nains, les halflings et tout le tintouin. Sauf que là on a en plus des hommes-chiens... enfin, à oreilles de chien, je me comprends. Oulah, ça ne s'arrange pas me direz-vous, surtout quand vous y aurez ajouté un cortège de sorciers, de chevaliers, de brigands, d'assassins et de dieux.

Et ce serait bien là votre erreur. Oh, je ne mentirais pas, il ne s'agit pas d'un chef d'œuvre impérissable. Mais ce que ces romans font, ils le font bien. On est dans un mélange d'heroic fantasy (dans le style du héros) et de high fantasy (dans les problèmes du héros).

Pour résumer, le héros est un géant un peu bas du front, bien qu'excellent épéiste. En tant que quatrième fils du prince d'une cité-état, il est envoyé comme otage dans une cité ennemie. Jusqu'à ce qu'il laisse le prince héritier de ladite cité à moitié mort après l'avoir surpris en train de violer une servante. Ce qui le conduit à fuir vers les terres des hommes. Car il est hradani, un peuple humain doté d'oreilles de renard, d'une taille peu commune et affligée d'une rage berserkr. Un peuple craint et détesté par tous les autres races humaines du monde. Comme si cela ne suffisait pas, le prince est au service d'un dieu maléfique et envoie à sa poursuite des myriades d'assassins et même un démon. Et le dieu de la guerre à bien l'intention de l'enrôler à son service.
Mais comme tous vont le découvrir à leurs dépends, les hradanis sont un peuple têtu...

Le scénario n'est pas vraiment passionnant, mais les personnages (y compris le héros, contrairement aux apparences) sont sympathiques et amusants et nous entraînent au long de leurs péripéties, et le monde a une vraie profondeur. Même si Weber reprend pas mal de stéréotypes de la fantasy commerciale post-Tolkien, il les plie à sa manière et arrive à produire quelque chose de rafraichissant.
En bref, une lecture agréable.

Sinon, deux références me sont venues à l'esprit en lisant ces livres:
en premier lieu, le héros et son ami m'ont évoqué Druss et Sieben (en fait, le rythme et les thèmes m'ont pas mal rappelé du Gemmell);
en second lieu, l'évolution des différentes races humaines m'a rappelé Arcanum -Of Steamworks and Magick Obscura dans l'idée que les elfes, nains, halflings et hradanis descendaient tous des humains, et que la séparation s'était souvent faite par la magie.

Apocalypse Troll, Weber

Contrairement aux apparences, le roman ne parle pas de Charles

Il s'agit bien d'un roman de SF, contrairement à ce que le titre pourrait faire penser.
Le début est d'ailleurs très classique, très "harringtonien", si ce n'est que l'on assiste à une bataille entre humains du futur et extra-terrestres dédiés à l'extermination de la race humaine.
Et puis c'est le saut temporel (ou dimensionnel, suivant comment vous voyez les choses), qui les amène, en pleine bataille, au début du XXIème siècle. Seul un chasseur humain survit. Dans l'autre camp, un chasseur survit lui aussi.
Sauf que son pilote est un troll, un cyborg de combat créé sur une base humaine et asservi mentalement. Il est aussi télépathe, capable d'influencer mentalement les humains. Il a été programmé pour nous combattre et nous détruire. Et il a les moyens techniques de réduire notre planète en bouillie.

Le scénario donne l'impression de progresser de manière forcée, ce qui fait apparaître des incohérences. Quelqu'un de moins charitable dirait des failles. Ainsi, à plusieurs reprises, l'auteur nous explique que quelque chose peut arriver mais que les probabilités sont de l'ordre de 0,0000000001%, et c'est bien sûr ce qui se passe. C'est ainsi, entre autres, que l'on arrive à un happy end sans saveur.

Bref, pour résumer, un Weber assez moyen, avec du potentiel, mais gâché par des raccourcis scénaristiques. En fait, c'est l'un des trois plus mauvais Weber que j'ai eu l'occasion de lire, avec Path of the Fury (dont, de ce que j'ai pu lire ça et là, le texte français n'aurait en fait pas été la version revisitée, intitulée In Fury Born, texte espérons le meilleur que son prédécesseur) et Crown of Slaves (dont j'aurais l'occasion de reparler un jour prochain).

Mother of Demons, Flint

Un petit break dans le Weber, pour ne pas faire trop de favoritisme.

C'est un premier roman, et si le style n'est pas toujours parfait, l'histoire est suffisamment intéressante pour le faire oublier. La fin est très ouverte, (certains diraient même qu'il n'y a pas de fin), ce qui ne peut pas plaire à tous.

Le roman suit un mercenaire qui sert de garde à une caravane d'esclavagistes. Au début, on croit à de la fantasy, jusqu'à ce qu'on comprenne brutalement que les personnages principaux ne sont pas humains. Par la suite, on alternera entre un groupe d'humains qui s'est écrasé sur la planète et doit survivre face à environnement hostile (ils ne peuvent absorber aucune nourriture) et à la perte de sa base technologique, et les extraterrestres présentés dans l'introduction. Extraterrestres bien perplexes sur la manière de traiter ces "démons" venus d'un au-delà inconcevable, dans un monde dont on ne voit jamais le ciel.

Les processus de pensée des extraterrestres sont quasi-totalement humains, avec une différence de taille assez bien traitée dans le roman: ils expriment leurs émotions à travers les couleurs de leur épiderme.

La "mère des démons" qui donne son nom au roman est l'une des rares humaines adultes à avoir survécu. Elle est historienne, elle possède la connaissance pour permettre aux enfants de humains de triompher de leurs adversaires et de rebâtir une civilisation, mais elle craint de voir se répéter les erreurs du passé.
Et rapidement, la légende se répand qu'au sommet d'un mont sacré vit la mère des démons, à la sagesse telle qu'elle voit le futur, et qu'elle ne répond pas aux questions de ses enfants, car cette connaissance les détruirait.
Confrontée à ses contradictions, elle ne peut se résoudre à laisser mourir ses enfants et finit par les aider.

La fin ouverte symbolise aussi un futur neuf, non prédéterminé, grâce aux leçons du passé.

La figure de l'historien tout-puissant rappelle le psycho-historien chez Asimov, le "synthétiseur" chez Van Vogt, et beaucoup d'autres.

Un beau livre, qui pose de vraies questions sur la cyclicité de l'Histoire, la place de la religion, la responsabilité de l'individu, l'anthropocentrisme, le fossé entre les générations; qui nous parle de tolérance, d'amitié, de rédemption, mais aussi de haine, d'incompréhension et de bigoterie... Le tout sans négliger une bonne dose d'action.