Premier tome de la trilogie (?) des Chronicles of the Necromancer (Chroniques du Nécromant), Summoner (Invocateur) se présentait comme un livre au monde riche et au système magique innovant. Une fois fini (difficilement), qu'avons-nous? Un finaliste très sérieux pour le prix du livre le plus mièvre de l'année!

Bienvenue dans un monde de magie: un monde où les gens sont gentils ou méchants, le gris, l'ambiguïté morale et les décisions drastiques n'existent pas. Où les mercenaires travaillent à crédit. Où les amis ne vous trahissent pas même pour sauver leur vie. Où toute voyageuse est une fille de roi incognito. Où les amis ne tombent jamais amoureux de la même femme. Où les rois ne se soucient que du bien-être de leur peuple. Où les vampires ne sont que de pauvres victimes innocentes de la discrimination raciale. Où les méchants, une fois vaincus, ne sont pas détruits mais scellés à tout jamais (quoique...). Où l'antagoniste est un sorcier maléfique cherchant à ressusciter le Seigneur des Ténèbres (pardon, le Seigneur d'Obsidienne, les deux sont noirs) afin de parvenir à ses buts nébuleux, comme dominer le monde, dominer le monde et dominer le monde.

Vous êtes dans le monde de Necromancer. Vous croyez que je vous charrie? Lisez le livre. Ou plutôt ne le lisez pas, vous économiserez du temps.

J'ai beau chercher je me souviens pas que t'ai un jour autant détesté un livre!

Le pire, c'est que je ne l'ai pas détesté. Du point de vue de l'écriture, de la narration, des idées, ce n'est pas transcendant, mais ça reste dans la norme (contrairement à certains livres que j'ai vraiment abhorré).

Le problème, c'est que le niveau ne s'élève jamais, et surtout que nous assistons à une succession de clichés dans le développement de l'histoire (qui avait par ailleurs tout pour être bonne, voire très bonne).

Pour prendre un exemple, j'ai récemment lu Clairvoyante (les Îles Glorieuses) de Glenda Larke. Eh bien, les personnages sont clichés (et lents à la détente en plus), l'intrigue est clichée, mais la construction du livre est intéressante, et l'univers est rafraichissant même s'il est sous-exploité (il n'y a pas tellement d'exemples d'archipel en fantasy).
En fait, les éléments de base de l'intrigue, les personnages, et la narration (mais ça c'est peut-être la faute à la traduction) sont très inférieurs à ceux de Summoner.
Mais malgré tout cela, le résultat final est bien plus sympathique que Summoner.
Je crois que ce qui m'a le plus agacé dans le livre de Gail Z. Martin, c'est la somme de potentiel gâché par un développement crétin (ce qui ne l'empêche pas d'être un best-seller).

Pour être franc, j'ai dû prendre plus de plaisir à rédiger ma critique qu'à lire Summoner, alors que je l'ai ouvert avec un a-priori positif (résumé alléchant, pour une fois, et couverture sympa).