C'est pas récent, c'est sorti y'a bien 6 mois et ça a attendu dans ma pile de truc à lire mais ça valait le coup.
Alors ça s'appelle la Terre Sauvage, c'est le tome 1 et c'est chez Bragellone qui s'est décidé à faire ressortir de vieux manuscrits des tiroirs de la SF française. Et dernière précision c'est de la SF post-apo
Donc le contenu: les 3 parties de la vie de Gérald (L'autoroute Sauvage (1976), la mort en bille (1977) et l'ile brulée (1979)) puis 2 nouvelles racontant la vie après une catastrophe (bon en fait c'est le cas de tout le tome) Les Bulles (1956) puis Le Recommencement (édité post-humement en 1989) puis 2 dernières nouvelles sans lien: Nous ne vieillirons pas (1961) et les Derniers Jours (1958).
Les nouvelles sont formidable (d'habitude j'aime pas la brièveté des nouvelles, donc là si j'ai aimé, c'est vraiment que ça doit être bien) quoique qu'un peu déprimant sur la fin.
le roman en trois parties à un ton très original dans son début, un ton très oral, très rapide, sans description superflu car reflétant le point de vue du héros (Gérald). Le héros est un solitaire vagabond très pragmatique. Dans cet univers, dans un passé récent, y'a eu apparement une guerre avec bombardement massif et bombes en tout genre mais surtout très toxique à long terme.
Rassurez vous le héros ne restera pas seul longtemps (dès le premier chapitre) et vous aurez l'occase de suivre ses périgrinations à Paris, Porquerolle, la Suisse et la tunisie.
A noter une transformation progressif du point de vue, en effet le narrateur est de plus en plus extérieur, genre Alain Delon se raconte... ça abouti tragiquement à suivre une aventure sans suspens... C'est d'autant plus dommage que le contexte de la troisième partie (l'Ile Brulée) apparait trop science-fictionnel, trop extravagant: on passe de l'ambiance Vermine (JdR) dans l'Autoroute Sauvage (genre survie, pas de technologie, les survivants sont des crevards...) à une ambiance Fallout (beaucoup de technologie, des psykers, des gros lézards fluos, y'a des camps de prisonniers...).
Bref début enthousiasmant et fin plutot décevante ou brutal tout du moins.

Enfin je voulais parler du contenu philosophique du tome. On peut découper ça en quatres axiomes:
La science et la société humaine ne font pas bon ménage et aboutissent à des catastrophes.
Une propension toute humaine à s'organiser tyranniquement dès lors qu'il y a groupement humain.
L'incapacité humaine de vivre en paix pour cause de possession de ressource (eau, pétrole, femmes (ne vous offusquez pas, c'est pas du machisme, c'est du réalisme), armes ou bouffes) qu'on estime non partageable.
Et enfin l'incapacité de l'homme à accepter la différence que ce soit physique ou simplement de point de vue.

Voilà je pense que c'est tout!

Deuxième tome: "Récits de la Grande Explosion" chez Bragelone.

4 romans et une nouvelles compilés.

La prem's "Les portes sans retour" date de 1976. C'est une sorte de "Cube" 20 ans avant. On retrouve d'emblée les défauts d'écritures inhérent à Julia Verlanger: perso très voire trop simple, en effet ces persos se posent très peu de questions, leurs problèmes se résolvent tout seul, etc...
Finalement je me suis ennuyé parce que ce roman est trop long et n'est qu'une suite de tableaux énigmatique (comme "Cube" comme dit plus haut).
Néanmoins on voir un espoir pour l'humanité dans la fin.
Mais n'empêche que ce roman m'a coupé l'envie pendant deux semaines de lire du Verlanger tellement il est linéaire.

Le deu's "les hommes marqués" de 76, ça devient beaucoup plus sérieux.
Bon toujours des persos avec des noms en "G". ça fait partie des obsessions de style de Verlanger.
ça se passe dans un monde futuriste cruel où l'esclavage existe. Les esclaves sont marqués d'un A pour androïde (ou anarchie... ça reste dans l'ironie) alias les sous humains parce que physiquement y sont encore humain, on les appelle androïde pour nier qu'ils furent humains. Donc sont esclave donc facilement objet de toutes les plus basses vilenies humaines. Comme d'hab Verlanger raconte très bien ça.
Bon l'histoire raconte la vie d'esclave qui vont peu à peu s'émanciper grâce à la haine et à un petit miracle génétique.
Là aussi le scénar se déroule seul sans vrai suspens.
Néanmoins on traite ici de sujets récurrents chez Verlanger dont elle maitrise très bien le rendu: l'enfermement et la vengeance.
Bref c'est quand même mieux que le premier.

Tres: "la jungle de pierre" de 79. Là ça commence à devenir très intéressant, c'est de mieux en mieux écrit et à lire c'est un quasi super régal. Quasi car y'a 2-3 scènes un peu faciles...
L'histoire c'est une chasse au trèsor en SF avec un bestiaire très sympa.
ça reste surprenant jusqu'au bout!
Sinon j'ai pas aimé que la Terre du roman ressemble trop à la Terre que nous connaissons.

Quatre: "Horlemonde" de 1980. Là c'est le coup de cœur. ça parle d'enfermement et de vengeance (rien de neuf chez Verlanger).
ça raconte une vie de bagnard dans un marais remplaçant le sable de "Dune" pour situer le contexte.
C'est très travaillé, le scénar est surprenant, les persos sont insondables et le choc culturel est très bien pensé. C'est très bien pensé.

5: "les gladiateurs" 1958. Une nouvelle de 15 pages.
Bref et suffisamment ironique pour me faire rire après une nuit blanche!
C'est le récit d'une incroyable expédition à la Indiana Jones! C'est assez génial!

Enfin le postface parait certes passage obligé quand on rassemble des œuvres comme ça mais ce qui est dommage c'est que si vous avez bien lu, les commentaires de postface se révéleront assez inutile, sans pépite croustillante à se mettre sous la dent qui n'apparaitraient pas simplement à la lecture. Seule la remise en contexte assez courte du machisme ambiant qui força Julia Verlanger à écrire sous le pseudo de Gilles Thomas apparait intéressant.

Qui incidemment est un nom en G

Merçi de m'y faire penser par cette remarque
Beaucoup d'auteurs le font et Julia Verlanger en fait partie: les auteurs qui se mettent en scéne dans leurs romans en tant que personnage principal.
D'où des prénoms en G comme le pseudo d'auteur de Julia Verlanger (Gilles Thomas)...

Volume 3 lu et volume à paraitre!

Dans les mondes barbares est une compil de récit tournant autour du thème de la liberté et sur les différences culturelles. Genre: à quoi cela sert-il de libérer des esclaves de leur situation si on ne leur donne pas les moyens de se débrouiller?

Première histoire: "la croix des décastés", 1977.
ça ressemble un peu à l'état d'esprit qui règne dans "Papillon" de Schaffner en 74.
C'est un hymne à la liberté et au respect des serments.
Malheureusement c'est aussi une longue litanie de hauts et de bas ou les persos ne gagnent la liberté que pour retomber prisonniers.
La fin est aussi assez décevante.

Deuxième histoire: "Les voies d'Almagiel", 1978.
Une histoire d'esclavagisme et de réflexion sociale.
Malheureusement le récit est vieilli par les mœurs décriées. En effet beaucoup n'ont plus cours ou ne choque plus.
Enfin la réflexion sur la libération physique ne libérant pas l'esprit enfermé dans un conditionnement.

Troisième: "L'ange aux ailes de lumières", 1978.
Encore de la survie dans un monde moyen-ageu.
Les questions soulevées sont : l'idéalisme et la réalité, et la relation liberté/bonheur.
N'empêche que la dernière partie du scénar vous surprendra!

Quatrième histoire: "D'un lieu lointain nommé Soltrois", 1979.
Un univers de med-fan surprenant jusqu'au bout! Vraiment mon scénar préféré.

Enfin la postface retrace l'histoire des éditions Fleuves Noir qui signèrent les romans de Julia Verlanger. Rien de fascinant...

JUlia Verlanger
Intégrale vol.4

"Les portes de la magie"

Récit 1: la flute de verre froid

Récit à la Conan de Howard, c'est à dire que tout ce qu'entreprend le héros est voué à l'échec dès lors qu'il y a un citadin en face de lui. Parce que les citadins c'est le mal, parce que la civilisation c'est le mal, etc...
Finalement cette histoire c'est plein d'aventures qui s'enchainent platement car il n'y a rien de grave qui puisse arriver au héros... Comme Conan mais sans l'humour...

Récit 2: la porte des serpents

Encore une fois la moitié de l'œuvre n'est qu'un récit de voyage sans passion mais pour une fois l'autre moitié n'est pas un périple de voyageur forcé par le destin. C'est la découverte d'un monde avec sa culture et finalement pour moi c'est un peu ça la vraie aventure!
Donc ici, il est proposé ici un récit méd-fan même si on s'y attend pas au départ...
Bref du nouveau intéressant quand on lit tout Verlanger...
Encore une fois on note ici le dégout de l'auteur/héros de son époque pleine d'irrespect, de peur et de paresse!

Récit 3: les cages de Beltem

Récit d'une résistance à l'occupation d'un envahisseur, ça part bien et puis ça retombe dans un voyage forcé de héros baladé malgré eux.
La fin de la première partie est assez surprenante.
La deuxième partie est une succession de divers lieu d'emprisonnement: arène, bagne...
L'incursion SF à ce moment là est malvenue. La fin n'est pas transcendante.
Bref l'histoire aurait gagné à être plus courte!

Récit 4: la fille de l'eau

Trois pages, c'est très court et finalement c'est là que toute la poésie de Verlanger s'exprime, à mon sens le meilleur récit de tout le recueil!
ça parle de la différence et du fait qu'on peut mourir parce qu'éloigné de son environnement vital...

Récit 5: reflet dans un miroir

Une histoire fantastique inquiétante et courte dont j'ai un doute sur la signification...

Annexes

Cette fois dans les annexes on apprend de la part de Verlanger qu'elles étaient ces prétentions littéraires et c'est assez intéressant!
En gros c'est: pas d'élitisme, la SF doit être populaire, pas de message politique ou d'analyse sociale, on doit faire une SF de loisir parce que c'est ce que veut le public...
Je vous laisse juge sur ce coup là!